Une jolie fille qui danse sensuellement, un beau mec qui lance des regards langoureux… Sur TikTok, le contenu aguicheur n'est pas là par hasard.
« TikTok c'est nul, on ne voit que des jeunes filles qui dansent et des mecs qui se la jouent beaux gosses. ». Il est probable que vous ayez déjà entendu cette phrase en entamant une conversation sur la fameuse plateforme vidéo… Et c'est tout à fait normal. Tous les utilisateurs débutants ont été confrontés au même type de contenu lors de leur premier scroll. Des danses plus ou moins lascives ou suggestives, ou bien des hommes qui font mine de faire l'amour à la caméra. Ce contenu clickbait et plutôt fétichiste représente un genre bien à part : il porte le nom de thirst trap, que l'on pourrait traduire par piège de la soif. Après nous avoir rendus idiot (ou pas), TikTok veut-il à tout prix nous émoustiller ?
Culture selfie
Apparus au début des années 2010 sur Instagram, les thirst traps sont pour ainsi dire des pièges à attention qui se sont d'abord incarnés avec les selfies. On montrait sur les photos ses abdos, un décolleté un peu échancré ou sa taille fine et ses fesses pour obtenir du like et du commentaire. Rentré dans le langage commun et la culture Web mainstream, le selfie sexy fut tendance pendant un long moment sur la plateforme, notamment grâce à Kim Kardashian, Rihanna ou les Jonas Brother. La pratique était vue comme un moyen de se réapproprier son sex-appeal pour mieux le mettre en scène. Tout en assurant des retours positifs.
Jouer sur les frustrations sexuelles
Le thirst trap va connaître une nouvelle évolution avec l'arrivée de Twitch dans la sphère mainstream. Très occupée par les gamers à ses débuts, la plateforme va peu à peu s'ouvrir à des créatrices de contenu. Certaines vont profiter d'une audience très masculine pour mettre en avant leur corps et jouer sur les fantasmes de geek en incarnant des e-girls (des femmes adoptant les codes du manga et du hentai). D'autres vont imaginer les pool parties durant lesquelles on peut voir de jeunes femmes en maillot de bain barboter dans une piscine, et écrire le nom de leur donateur sur leur corps avec un marqueur. Les hommes qui offrent des abonnements payants à ces créatrices en échange d'un peu d'attention sont rapidement qualifiés de simps (un homme en situation de misère sexuelle prêt à payer pour attirer l’attention d'une femme). Ils sont perçus comme des victimes de leur propre solitude et frustration sexuelle.
Le renouveau du thirst trap est masculin
Avec ses formats courts, sa tendance à mettre en avant des chorégraphies plus ou moins sexy et son utilisation de différentes musiques et playback, TikTok est évidemment très compatible avec le thirst trap. Mis en avant par la plateforme pour augmenter son watch time et accrocher dès le début les utilisateurs nouvellement inscrits, ce contenu sexy a toutefois pris un tournant intéressant puisque la pratique s'est énormément masculinisée et diversifié. On croise dorénavant sur la plateforme des garçons s’adonnant à des jeux de rôle BDSM, d'autres qui regardent la caméra en faisant les yeux doux et en se mordant les lèvres, et d'autres encore qui en profitent pour tenir des discours motivants, à la manière de coachs de vie sexy.
Enfin, et c'est le plus étonnant, il existe une niche que l'on pourrait qualifier de thirst trap « émotionnel » au sein duquel de jeunes hommes tentent de déclencher des larmes de tristesse auprès du public féminin. De quoi peut-être redéfinir un peu plus la masculinité, tout en gardant à TikTok son côté cringe et novateur à la fois.
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