un homme de 40 ans entouré de vignettes de clip

Les chaînes de clips issus de Twitch envahissent YouTube

© Joueur du grenier

Utilisation sans accord d’extraits, mise en scène de faux dramas… Sur YouTube, les streameurs tentent de reprendre le contrôle sur les chaînes de clips qui exploitent leurs vidéos sans leur autorisation.

« Bonjour. Je laisse 48 heures aux différentes chaînes de clip pour supprimer les clips contenant du contenu de mes streams. Passé ce délai je les ferai supprimer de force avec les conséquences qui vont avec. Bonne journée. » Ce message un brin passif agressif ne pouvait venir que d’un seul compte Twitter : celui de Frédéric Molas, le fameux Joueur du Grenier.

Les raisons de sa colère ? Depuis plusieurs mois, des chaînes de clics sur YouTube et TikTok reprennent à leur compte des extraits des lives Twitch du JDG. Ces vidéos sont généralement accompagnées de titre « putaclic » et montées de telle façon qu’elles transforment des vannes amicales entre streameurs en dramas dignes de la téléréalité. Ces vidéos qui sont souvent mises en avant dans les algorithmes de YouTube entrent ensuite dans un cycle de récupération d’informations par le biais de sites d’actualité comme jeuxvideo.com qui produisent de manière systématique un article commentant les derniers clips. Le youtubeur n’est d’ailleurs pas le seul à être confronté à cette routine infernale.  

Comment le freebooting a envahi YouTube

Antoine Daniel, un streameur bien connu qui participe aux « streams du lundi » avec Frédéric Molas voit lui aussi ses lives découpés en extraits et repostés un peu partout sur le Web. Même chose pour les streameuses Horty et Baghera Jones dont les extraits génèrent des dizaines de milliers de vues sans grand effort. Car il faut bien se rendre compte que les comptes comme Fat Giorno, rat de Twitch, Twitcheur Clip et les autres pratiquent une forme de piraterie appelée le freebooting. Concrètement, le freebooting consiste à télécharger illégalement un contenu sous copyright et de le poster sur une autre plateforme pour engranger les vues à la place de la plateforme originale. Le terme a connu un essor de popularité en 2015 quand Facebook appliquait cette méthode en repostant du contenu issu de YouTube pour mieux revendiquer des millions de vues. Mais, à la différence de la guerre des plateformes, la pratique du freebooting a toujours plus ou moins avantagé les streameurs.

Un stream c’est long, surtout vers la fin

Regarder un live qui dure entre 2 et 4 heures est une activité qui demande du temps et de l’engagement. Toute l’intégralité d’un stream n’est pas forcément passionnante et il faut savoir sélectionner les moments forts et les diffuser sur d’autres plateformes pour attirer de nouveaux viewers. Voilà pourquoi les streameurs ont toujours été indulgents envers les chaînes de clip pratiquant le freebooting. Si ces dernières génèrent des vues sur YouTube, elles permettent aussi à un public plus varié – dans le cas de JDG, on peut parler d’un public plus jeune – de découvrir ce contenu et de s’y abonner. Cependant, c’est moins sur cette pratique en tant que telle et plus sur la distorsion de réalité qu’elle engendre que Frédéric Molas s’emporte. Ce dernier explique dans une vidéo qu’il veut avant tout reprendre le contrôle de ces clips sur une chaîne qu’il est lui-même en train de monter. Horty ainsi qu’Antoine Daniel suivent la même voie avec la mise en avant d’une chaîne « officielle » sur TikTok et YouTube. Une fois ce coup de balai effectué, le youtubeur a toutefois indiqué qu’il permettrait à une sélection restreinte de chaînes de clips de reprendre cette forme de publicité pirate. Qu’on le veuille ou non, les clips de streameurs font dorénavant partie du paysage médiatique.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.
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