Lassés par les logiques algorithmiques des réseaux sociaux grand public, Arthur Hadade et son équipe ont lancé Paco, un réseau social entièrement dédié à l’art et à son partage.
Depuis quelques jours, un nouveau réseau social un peu différent a fait son apparition. Lancé mercredi 16 mars, Paco est vanté comme un réseau de passionnés d’art, au sein duquel chaque utilisateur partage et défend ses références artistiques, et tout ce qui inspire sa création. Pour en savoir plus sur cette application novatrice, L’ADN a rencontré son fondateur, Arthur Hadade.
Comment est né le projet Paco ?
Arthur Hadade : Avec mon équipe, nous partageons une vraie passion pour l’art et la culture en général. Et à force d’explorer de nombreux univers artistiques, on a eu envie de partager ce bagage-là avec d’autres passionnés. Le problème, c’est que les réseaux sociaux sont si vastes et fournis en contenus divers et variés qu’il nous semble assez difficile d’y passer du temps sans crouler sous l’information. De ce fait, on a rapidement réfléchi à la création d’un espace un peu plus spécifiquement dédié au partage des arts, afin de focaliser l’attention dessus et permettre à certains phénomènes de niche d’obtenir la visibilité qu’ils méritent.
Concrètement, cela veut dire quoi ? Comment la plateforme fonctionne-t-elle ?
A. H. : Eh bien concrètement sur Paco, votre rôle est assez simple : vous créez des posts qui parlent d’œuvres en particulier, puis ces posts sont rassemblés sur votre profil et apparaissent dans le fil d’actualité. Ensuite, les gens qui vous suivent peuvent ainsi profiter des pépites que vous avez mises en avant. Et puis évidemment, libre à vous de suivre les comptes de vos amis et d’artistes que vous aimez afin d’en savoir plus sur leurs influences.
De ce fait, chaque utilisateur se présente au monde par le seul prisme des œuvres qui le touchent ?
A. H. : C’est tout à fait ça. Sans vouloir diaboliser les réseaux sociaux dits « mainstream », il me semble difficile d’apparaître sur Instagram ou Facebook sans dépendre des usages esthétiques de la plateforme, et des attentes des autres utilisateurs. Disons que sur Paco, l’idée n’est pas tellement de jouer au cool, mais plutôt de réunir les curieux et de les laisser partager ce qu’ils aiment. Et cela va du dernier Batman à une pépite de jazz des années 20 complètement inconnue. La vraie valeur ajoutée de ce réseau, c’est de mettre en avant des œuvres tombées aux oubliettes et de leur rendre hommage.
Si l’on suit cette démarche, on imagine qu’un utilisateur est quasi obligé de tomber sur des domaines artistiques qu’il n’a pas l’habitude de voir. Est-ce que c’est ce qu’il manque aux réseaux sociaux aujourd’hui ?
A. H. : Oui certainement, c’est tout le problème des algorithmes préférentiels. Ils sont structurés selon deux logiques, l’une étant de recommander des produits compatibles avec vos habitudes de consommation, l’autre étant de mettre en avant ce qui marche et ce qui est à la mode. Et lorsque l'on plonge dans ces deux logiques, c’est tout de même très difficile d’assouvir sa curiosité et de tomber sur des nouveautés ! Paco ne fonctionne pas selon ces logiques. L’intérêt, c’est de se plonger dans ce que l’on n’a pas l’habitude de lire ou de voir. Chacun est libre de se balader dans la bibliothèque d'un autre, de toucher de près à ses peintres préférés, d’écouter le dernier album qui l’a touché. On vient rapprocher les curieux entre eux sans les guider vers quoi que ce soit d’autre que leur curiosité.
L’application a été lancée mercredi 16 mars. Même si c’est très récent, êtes-vous satisfait de l’écho du projet à ce stade ?
A. H. : C’est rassurant de voir un projet de longue date enfin s’établir entre les mains des utilisateurs. On a eu plus de 2 500 téléchargements en moins d’une semaine, ce qui reste un bon début pour un projet entièrement autofinancé. En tout cas, d’après les retours que l’on a eus, les gens ont l’air d’avoir assez bien reçu le message. Cette idée de renouer avec la culture, éviter d’être submergé par l’information tout en restant connecté à ce qu’on aime… Ces questions sont ancrées dans l’époque, et on a sincèrement cherché à les prendre en compte pour structurer le projet.
Pour tester Paco : cliquez ici
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