Une TV vintage avec Kardashian et Trump

La grève des scénaristes va-t-elle changer la télévision ?

La dernière grève des scénaristes en 2007 a permis l’émergence de Donald Trump et de la famille Kardashian, rien que ça. Alors, que pourrait changer la grève en cours ?

Depuis le début du mois de mai, plus de 11 000 scénaristes appartenant à la Writers Guild of America (WGA) se sont mis en grève pour une durée illimitée. Ces derniers veulent négocier un accord avec l’Alliance des producteurs de cinéma et de télévision (AMPTP) qui représente les grands studios de cinéma comme Disney, Universal ou Warner ainsi que les plateformes de streaming comme Netflix. Les revendications tournent bien évidemment autour de la rémunération des auteurs et des royalties dans un contexte où leurs œuvres sont diffusées en streaming sur de longues périodes. Mais une autre inquiétude apparaît dans les revendications : l’utilisation de plus en plus fréquente de l’intelligence artificielle dans les processus d’écriture et de production.

Se protéger contre les IA

Si pour le moment les intelligences artificielles sont juste bonnes à écrire des fanfictions rigolotes, elles représentent un véritable danger pour les scénaristes dans les 5 à 10 ans à venir. À titre de prévention, la WGA met en avant trois revendications : ne pas utiliser les IA pour écrire ou réécrire du matériel littéraire, ou comme matériaux sources et enfin, interdire l’utilisation des scripts déjà écrits comme source d’entraînement pour les IA. Comme l’indique le scénariste Jonterri Gadson interviewé dans Fortune : « Évidemment, une IA ne peut pas faire ce que des scénaristes humains font, mais je ne sais pas s’ils (les dirigeants des studios) le croient forcément. » Autrement dit, mieux vaut prévenir que guérir. 

Des changements imprévisibles

En cours depuis maintenant un mois, il est difficile de savoir combien de temps va durer ce mouvement de grève. La dernière fois que les scénaristes ont décidé de débrayer, c’était à la fin de l’année 2007 et le mouvement avait duré une centaine de jours. Durant cette période, la télévision avait été bouleversée dans sa diffusion de séries et plusieurs œuvres diffusées, comme Lost par exemple, furent profondément impactées dans leur arc narratif et leur nombre d’épisodes. Face à la pénurie de scénarios, l’industrie a bouché les trous avec une multitude de nouvelles téléréalités. C’est à cette époque que l’émission en berne The Apprentice, menée par un tonitruant Donald Trump, fut renouvelée par l’intermédiaire d’un spin-off intitulé The Apprentice Celebrity. L’émission fut un tel carton qu’elle est considérée comme étant un des éléments clé dans le succès de la campagne de Trump. C’est aussi à cette période qu’une autre téléréalité suivant les aventures d’une famille pas très connue à l’époque va démarrer. Il s’agit bien évidemment de Keep up with the Kardashian dont l’influence va marquer toute la décennie suivante. 

Qui seront les grands gagnants de la grève de 2023 ?

S’il est encore un peu tôt pour connaître les répercussions à long terme de cet épisode de grève, on sait déjà qu’une grande partie des late shows comme Jimmy Kimmel Live ou Last Week Tonight with John Oliver vont être impactés, tant leur écriture humoristique dépend de leurs équipes de scénaristes. Les séries comme Andor, Cobra Kai, Stranger Things ou Le Seigneur des anneaux vont être plus ou moins impactées en fonction de l’avance de la production. Concrètement, les années 2024 et 2025 seront bien plus chaotiques en termes de productions télé mais aussi certainement décevantes en termes de qualité cinématographique. Est-ce que la téléréalité va à nouveau venir remplir ce vide ? Rien n’est moins sûr. En 2007, la télévision était encore au centre de la consommation médiatique. En 2023, ce sont plutôt les streamers et les Youtubers qui devraient profiter de cette place vacante.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.
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