
Face à « l’information overload » provoquée par l’administration Trump, des citoyens et activistes américains partagent leurs méthodes pour lutter contre l’apathie.
Incarcération de 30 000 immigrés sans papiers à Guantanamo, sortie de l’OMS, gel puis dégel des aides publiques, grâce présidentielle donnée aux émeutiers du Capitole incarcérés ou bien encore velléité d’invasion du Groenland et changement du nom du Golfe du Mexique en « Golfe d’Amérique ». En à peine une dizaine de jours, le deuxième mandat de Donald Trump suit un schéma que l’on connaît bien. Intitulée « flood the zone » (inonder la zone), cette stratégie mise au point par l’idéologue d’extrême droite Steve Bannon avait déjà été utilisée lors du premier mandat et s’inspirait de la doctrine militaire du « choc et de l’effroi » mise en œuvre en Irak en 2003, et censée permettre une domination rapide d’un espace.
Résister à l'apathie
En l’état, cette succession de décrets à moitié applicables et d’annonces choc remplit un objectif : provoquer un état d’hébétement, et à terme d’apathie, face à une multitude de décisions politiques controversées. Si beaucoup d’Américains refusent de se laisser entraîner dans ce tsunami d’informations et pratiquent la stratégie de l’évitement, une partie d'entre eux tente d’organiser une forme de résistance pour préserver leur santé mentale. Sur Thread, la sociologue suisse Jennifer Walter a donné une méthodologie qui est partagée sur la plupart des plateformes vidéo.
Dans son fil publié sur Thread, elle rappelle tout d’abord que cette « stratégie du choc », pour paraphraser Naomie Klein, est une « exploitation stratégique de nos limites cognitives ». La succession rapide de décrets est désignée pour « créer un goulet d’étranglement cognitif, rendant presque impossible pour les citoyens et les médias d’analyser en profondeur chaque décision politique ». Dans ce contexte, les médias ne peuvent plus hiérarchiser l’information, ce qui amène à « un affaiblissement de la surveillance démocratique et une diminution de l’engagement public ».
Nutri-Score médiatique
Pour y répondre efficacement, la sociologue propose cinq tactiques à appliquer. La première consiste à se fixer des limites et choisir deux à trois sujets que l’on veut suivre de manière précise. L’experte conseille aussi d’utiliser des agrégateurs de news et de suivre des analystes de confiance qui s’occupent du travail de synthèse. Pour mieux lutter contre cette avalanche, elle préconise aussi de prendre 48 heures avant de réagir aux nouvelles politiques, afin de laisser passer les premiers comptes rendus et d’avoir accès à une information plus détaillée. D’après elle, le sentiment de submersion est aussi inévitable, et le fait d’en prendre conscience peut aussi être un bon indicateur quant au fait de prendre une pause. « Faites des pauses. Prenez du recul. C’est un marathon », indique-t-elle. Enfin, elle suggère de partager la charge cognitive en construisant des communautés permettant de mettre en œuvre l’intelligence collective. Pour certains créateurs de contenu habitués à relayer et commenter l’actualité, ces conseils peuvent aussi être vecteurs de changement. Ainsi, la tiktokeuse realprogressive11 explique qu’elle va faire en sorte de donner l’information avec l’objectif final « d’émanciper et d’empouvoirer » son audience plutôt que de mettre en avant un certain catastrophisme. Elle précise vouloir consommer l’information auprès de créateurs qui mettent l’emphase sur la synthèse et le décryptage plutôt que ceux qui surfent sur le choc et l’effroi dans le simple but de récupérer de l’engagement.
Merci de cet article ! au moins on sait à quoi on peut s’attendre !
Ou sont les Anonymus pour contre attaquer?