N’en fais pas une affaire personnelle, qui pointe une facette sombre du monde la communication : l’insidieuse violence qui règne en maître dans de nombreuses relations agence-annonceur, ainsi qu’au sein même des agences, où la peur de perdre son job crée l’omerta.
Pour qui connaît un peu la vie « en agence », le pitch peut sembler ordinaire, et pourtant il est d’une terrible violence : lorsque Bobette reprend au pied levé une agence de publicité spécialisée beauté, elle ne se doute alors pas qu’elle va hériter d’une équipe au bord du burn-out, malmenée par les agissements de son unique et puissante cliente. Injonctions contradictoires, multiplication de requêtes absurdes, exercice abusif du pouvoir, les exigences de ce personnage toxique submergent les équipes de l’agence qui vivent sous tension.
La violence des relations agence-annonceur
Dans ce roman ce sont les défaillances profondes d’un système qui sont dénoncées, un système dans lequel la logique du profit sacrifie l’humain. Car ce récit relate toute la violence du monde du travail et la façon dont elle peut broyer ceux qui en sont victimes. Au- delà de « balancer » des personnes, des entreprises ou des agences en particulier, ce roman dénonce un système qui, au nom du profit à court terme, encourage les managers toxiques, ferme les yeux sur le harcèlement moral, fabrique de la casse humaine en silence et in fine créé de la destruction de valeur pour tous. « À travers cette narration, j’espère mieux faire comprendre comment se fabriquent les burn-out, la dégradation de la qualité de vie au travail, autant de réalités souvent cachées derrière de beaux discours sur la bienveillance. Je veux aussi mettre des mots sur ce qui est encore tabou en entreprise : le harcèlement moral souvent lié aux rapports de pouvoir et d’argent. J’ai dû écrire sous pseudo : mon propos n’est pas de pointer des cas particuliers, mais bien dans cette « réalité fiction » une mécanique implacable broyeuse d’humains tristement banale », explique Paula Marchioni.
Paula Marchioni est devenue romancière après une carrière dans la communication. Ce roman s’inspire notamment de sa vie professionnelle et de son expérience des agences de publicité dans les secteurs agro-alimentaire, cosmétique, de service et humanitaire. « Dans cet open space de young people, avec lesquels je travaille, il y a des frictions, des tensions, des envies, des souffrances, et ça dure. Cela a démarré bien avant moi, depuis que l’agence est sous le joug de Super Power. Notre cliente. »
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