L'annonce fait l'effet d'une bombe : BlackRock, le plus gros gestionnaire d’actifs mondial a demandé aux entreprises de s'engager sur des sujets tels que la diversité ou l'impact environnemental. Ou quand votre banquier ne vous demande plus seulement d'être rentable…
Cette fois-ci, on ne rigole plus. Les entreprises ne pourront plus
se cacher derrière une pseudo-politique de RSE : elles vont devoir
s’engager pour de vrai, au risque de voir leurs soutiens financiers s’effondrer. Rôle à jouer dans la communauté, gestion de l’impact environnemental, diversité au sein des équipes, adaptation au changement technologique (et notamment à l’automatisation), formation et retraite… Autant de sujets que
BlackRock, premier gestionnaire d’actifs mondial (6 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion et 1 700 milliards de dollars de fonds actifs), impose aux entreprises de considérer.
Dans une lettre qui leur a été adressée, Laurence D. Fink, Président de BlackRock, expose ainsi sa vision des choses : à court terme, une entreprise qui ne prend pas clairement position sur ces sujets ne pourra atteindre son plein potentiel de développement : exposée à des campagnes d’activistes, son image publique va se dégrader – et les rendements reversés aux investisseurs en seront amoindris. Histoire de faire pleurer dans les chaumières, il ajoute même que ces-derniers comptent peut-être dessus pour « financer leur retraite, une maison, ou des études supérieures ». Bouh-ouh.
La frustration populaire peut dégénérer
Mais alors que les actions ont profité en 2017 d’une « croissance exceptionnelle », on peut s’interroger :
pourquoi Laurence D. Fink s’inquiète-t-il maintenant d’une chute de rendements ? Les activistes qui enquiquinent les marques, ce n’est pas nouveau… Ce qui est nouveau, en revanche, c’est le
climat de « frustration populaire » grandissant, et « l’appréhension face à l’avenir » (merci Trump ? ). « Nous constatons que
de nombreux gouvernements ne réussissent pas à répondre aux enjeux de demain, tels que la retraite, les infrastructures, l’automatisation ou la formation des employés », détaille-t-il dans sa lettre. Le résultat ? « Le grand public se tourne de plus en plus vers le secteur privé, et demande aux entreprises de répondre aux enjeux sociétaux ».
60 %
Un constat que l’on retrouve en France. A l’occasion de la présentation des résultats de
l’Observatoire des marques dans la cité, J
ulien Carette, PDG d’Havas Paris et
Benoît Lozé, Président du planning stratégique, expliquent que « 60% des Français et Françaises pensent que les entreprises ont aujourd’hui un rôle plus important que les gouvernements dans la création d’un avenir meilleur ».
Une prise de position attendue, donc, mais risquée : car
être une boîte engagée, c’est accepter d’être d’autant plus scrutée, comme le rappelle Benoît Lozé. En témoignent les énormes fails rencontrés par Pepsi et Shinola.
La marque de soda avait tenté de s’approprier les mouvements contestataires aux Etats-Unis pour faire son business, là où la marque de montres avait estampillé son logo d’un « made in Detroit » illusoire – la plupart de ses pièces n’y étant pas fabriquées mais assemblées. Deux affaires qui n'avaient pas manqué de faire réagir les consommateurs et consommatrices...
A l’ère de la surveillance généralisée, les marques risquent gros à usurper des valeurs.
[…] CDP (anciennement Carbon Disclosure Project) est une ONG qui, depuis 2003, demande aux entreprises de répondre à un questionnaire évaluant leur impact climatique. L’objectif : obtenir des données fiables pour que les investisseurs et assureurs puissent soutenir des projets plus durables. […]