Une bannière d'Extinction Rebellion avait l'inscription Agir Maintenant

Des fake news pour la bonne cause ? Extinction Rebellion fait le pari

© Extinction Rebellion

Le groupe activiste a volontairement diffusé une fausse information selon laquelle le principal fonds de pension suédois aurait arrêté d’investir dans les énergies fossiles.

Alors que les fake news pullulent et que de grandes agences de com’ se mettent aux Dark RP, on ne sait plus sur quel pied danser. Le mouvement de désobéissance civile Extinction Rebellion ne fait pas exception. Son dernier coup de com’ repose sur les rouages retors de la diffusion de fausses informations. Pour la bonne cause, nous dit-on.

Des fake news sur les énergies fossiles

Le 29 juin 2020, un communiqué annonçant qu'AP7, le plus important fonds de pension suédois, cessait d’investir dans les énergies fossiles a affolé le secteur. Sur le site de l’organisation, pas de doute possible : le groupe confirme. Son porte-parole Johan Florén lui-même s’entretient avec les médias pour expliquer la décision.

Bonne nouvelle ?

Pas vraiment. Derrière l’annonce parfaitement calquée sur les communications officielles d’AP7 se cache une vaste supercherie.

Mettre en lumière des pratiques « risibles »

À l’origine de l’opération de communication – puisque c’est bien de cela qu’il s’agit –, les équipes d’Extinction Rebellion ont dupliqué le site original du groupe, rédigé un faux CP, et fait passer l’un de leurs militants pour le porte-parole officiel. L’objectif ? « Mettre sous les projecteurs ces investissements risibles », et pousser AP7 à s’engager sur la bonne voie. Bon, pour le moment, ça a plutôt l’air mal parti : le vrai Johan Florén a fermement condamné la démarche. « Quand la désinformation devient une méthode ordinaire, avec des faux sites, des faux communiqués, et même des gens qui prétendent être quelqu’un d’autre, ce n’est pas que le journalisme qui souffre. Les gens aussi vont souffrir. Les citoyens vont baisser les bras et arrêter d’essayer de prendre des décisions informées et démocratiques, quand plus personne ne sera capable de savoir ce qui est faux ou non. »

Les hacktivistes dans le collimateur des grosses entreprises

L’événement n’est pas un cas isolé. En 2019, le collectif The Yes Men avait rédigé une lettre, signée du nom du patron de BlackRock, pour annoncer que le gestionnaire d’actifs comptait décarboner son portefeuille. L’actu est reprise partout – jusque dans les colonnes du Financial Times. Problème : Larry Fink n’a jamais rédigé cette lettre. Selon Jérôme Lascombe, fondateur de Wiztopic, ce genre de manipulations de com’ survient environ deux fois par mois. Les sociétés les plus visées sont en général les plus grosses. Pour s’en prémunir, quelques solutions existent. Wiztopic a d’ailleurs développé sa propre solution, « Wiztrust » , qui repose sur la blockchain afin de permettre aux entreprises de certifier qu’un communiqué, une vidéo ou une photo est authentique.

Mélanie Roosen

Mélanie Roosen est rédactrice en chef web pour L'ADN. Ses sujets de prédilection ? L'innovation et l'engagement des entreprises, qu'il s'agisse de problématiques RH, RSE, de leurs missions, leur organisation, leur stratégie ou leur modèle économique.

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