Une famille embarque dans un véhicule volant futuriste

Mobilité en 2050 : véhicules volants, open data et micro-mobilités

Avec Allianz
© Airspace Experience Technologies

La question des mobilités urbaines est au cœur de nombreuses réflexions sur le futur des villes. Pour y voir plus clair, nous avons rencontré trois expert·e·s et leur avons posé la même question : comment envisagez-vous le futur des mobilités urbaines dans 30 ans ?

Comment nous déplacerons-nous demain ? Nos sociétés vont-elles progressivement se libérer de leur dépendance à l’automobile, pour entrer dans une ère de mobilités plus douces et partagées ? Quel sera le rôle des nouveaux modes de transport aériens, et comment s’insèreront-ils dans le tissu urbain ? Vivrons-nous réellement à deux heures de tout et de tous, comme le laisse présager le déploiement futur des trains hypersoniques comme l’Hyperloop One ? Comment les infrastructures de transport devront-elles s’adapter pour permettre le déploiement de ces nouveaux modes de déplacement ?

« Demain, nous envisagerons la mobilité en 3D, en incluant l’espace aérien, grâce aux nouveaux véhicules volants urbains »

Anita Sengupta

Anita Sengupta est ingénieure spatiale et COO de la start-up Airspace Experience Technologies. Auparavant elle a travaillé pendant plus de quinze ans pour la NASA, ainsi que pour l'entreprise Hyperloop One.

« Aujourd’hui, en ville, nous envisageons la mobilité en deux dimensions. D’après moi, la smart city de demain doit s’envisager en trois dimensions, en intégrant l’espace aérien.

Je pense que d’ici cinq ans, les premiers taxis volants pourront effectuer des vols commerciaux. Ces nouveaux appareils sont de petits aéronefs à décollage et atterrissage vertical (eVTOL) qui sont propulsés électriquement. Ils voleront dans des couloirs aériens qui seront comme des autoroutes du ciel. Mais ce ne seront pas des véhicules privés individuels. Ils feront partie d’une flotte et on pourra accéder à ce service par une app. De la même manière que nous avons Uber ou Lyft pour la mobilité routière, nous aurons ce même type de service « on demand » mais pour la mobilité aérienne. Ce système permettra également de désengorger les routes, et de limiter les embouteillages.

Les véhicules à essence ou moteur diesel auront disparu des centres-villes. Ils seront remplacés par des véhicules électriques autonomes qui circuleront sur des chaussées spéciales, et transporteront plusieurs personnes. La mobilité sera beaucoup plus partagée. Et je vois les bicyclettes, trottinettes et autres véhicules légers se généraliser dans les prochaines années pour les courtes distances.

De manière générale, grâce à l’utilisation de l’espace urbain aérien, il y aura moins de pollution et l’environnement sera plus agréable pour les piétons. »

« Demain, les véhicules autonomes permettront de répondre aux enjeux de perte d’autonomie des personnes à mobilité réduite »

Carla Bailo

Carla Bailo dirige le Center for Automotive Research, un think tank américain indépendant qui analyse le futur de l'industrie automobile. Auparavant, elle a été directrice de la R&D chez Nissan, et a passé une grande partie de sa carrière chez General Motors.

« Dans 30 ans, les business models des entreprises automobiles actuelles auront complètement disparu. Les gens s’attendront à ce que les mises à jour des véhicules électriques et autonomes soient aussi rapides que les mises à jour de leurs téléphones. Cela sous-tend des développements technologiques rapides. À la fois dans la puissance des systèmes d’information (algorithmes, traitement de la data), mais également du point de vue de l’amélioration des batteries et de l’électrification de ces nouveaux véhicules. Toute la chaîne de production se trouvera donc disruptée.

La promesse d’un véhicule autonome, ce n’est pas plus de temps libre, c’est plus de sécurité. Le véhicule intelligent sert avant tout à limiter les risques d’accident (avec les limites que l’on connaît aujourd’hui, car il est extrêmement compliqué de traduire l’imprévisible du quotidien en un langage informatique destiné à un véhicule).
J’entrevois aussi l’émergence d’un nouveau marché, spécialement dédié à la mobilité des personnes âgées ou des personnes à mobilité réduite. Dans les pays développés, l’espérance de vie s’allonge et la population vieillit drastiquement, les véhicules autonomes permettront à ces populations de pouvoir continuer à se déplacer.

À mesure que les voitures deviennent « intelligentes », elles pourront précisément nous signaler les dysfonctionnements avant même qu’ils n’adviennent. Mais nous aurons toujours besoin d’un système de maintenance et d’endroits pour les réparer. J’imagine ces lieux un peu comme des stands de formule 1 ("pit stops"). Il y a une véritable opportunité de marché en ce domaine, ainsi qu’un réservoir de nouveaux métiers pour le futur. »

« Demain, la mobilité sera responsive, c’est-à-dire qu’elle pourra s’adapter en permanence en fonction des opérateurs, des flux et des infrastructures »

Bertrand Billoud

Bertrand Billoud est Directeur communication et marketing de Kisio Digital, un éditeur de logiciel Mobility-as-a-Service, filiale numérique du groupe Keolis.

« Demain, les différents acteurs de la mobilité pourront fonctionner de manière coordonnée pour permettre aux utilisateurs d’avoir accès à une mobilité véritablement multi-modale.

Pour cela, nous prendrons en compte une quantité considérable de données. Quelles soient conjoncturelles ( « quel temps fait-il ? » ) ou contextuelles ( « je sais que cet axe est souvent bouché à telle heure » ). Ces données seront traitées avec de l’intelligence artificielle pour permettre de proposer à l’utilisateur une solution de mobilité parfaitement adaptée. L’enjeu ? Donner la bonne information, à la bonne personne, au bon moment. La proposition sera adaptative, individualisée et contextualisée, c’est-à-dire que l’on ne proposera pas un Vélib, s’il pleut, à une personne à mobilité réduite, par exemple. C’est cela la mobilité responsive.

Pour y parvenir, mon rêve serait que l’on ait une base de données unifiée et hyper qualitative qui profite à tous les acteurs. C’est la raison pour laquelle nous faisons dès aujourd’hui le pari de l’Open Data. »

(Ce témoignage est extrait de la table-ronde "Mobilités : où l'IA va-t-elle nous transporter ? " organisée par Leonard le 2 avril 2019)

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Nastasia Hadjadji

Journaliste, Nastasia Hadjadji a débuté sa carrière comme pigiste pour la télévision et le web et couvre aujourd'hui les sujets en lien avec la nouvelle économie digitale et l'actualité des idées. Elle est diplômée de Sciences Po Bordeaux.
commentaires

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  1. Avatar Faye Lowley dit :

    Quel Plaisir de savoir que la connaissance de ma fille est partagee dans le monde entier. Je suis tres fiere d'elle. C est une avantage que sa mere parle bien le francais et je peux comme Anglaise laisser un message ici. Merci pour l article qui etait vraiment tres interessant. Quoique linguiste je m interesse a tout ce que ma fille entreprend.

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