
Les constructeurs automobiles sont prêts à nous faire lâcher le volant des voitures autonomes. Pourtant, certains chercheurs s’inquiètent du mal des transport que pourrait générer cette nouvelle façon de conduire.
Si les routes de montagne ont tendance à vous rendre malade comme un chien, vous risquez de ne jamais supporter un voyage dans une voiture autonome. C'est ce que pensent plusieurs chercheurs qui se sont penchés sur les effets secondaires de cette technologie. Alors que l'industrie automobile s'engouffre dans l'ère des véhicules conduits par des IA, les passagers pourraient être frappés de kinetose ou mal des transports.
Ce désagrément touche au moins une personne sur trois au moins une fois dans leur vie. Mais en 2016, une étude menée par l’Institut de recherche sur les transports de l’Université du Michigan, avait mis en avant le chiffre de 6 à 12 % des conducteurs pouvant ressentir des vertiges et de la nausée durant un trajet en voiture autonome. En novembre 2017, Uber déposait d’ailleurs un brevet sur le sujet. Dans les documents publiés sur le net, l’entreprise prévoyait notamment un dispositif de sièges vibrants et de lunettes équipées de LED afin de resynchroniser le cerveau et éviter de finir la tête dans un sac en papier.
Les voitures ne sont pas des « salons sur roues »
Mais finalement, pourquoi tant de précautions pour un problème qui semble a priori lointain ? Pour Cyriel Diels du centre de recherche sur les transports et les mobilités de l’université de Coventry, le fait de transformer le conducteur en passager constitue le premier problème des voitures autonomes. En effet quand le véhicule accélère, décélère ou bien prend des virages tout seul, cela augmente l’impossibilité d’anticiper la trajectoire. Ce manque de contrôle crée alors un décalage entre nos perceptions visuelles et notre oreille interne. Notre cerveau interprète ce décalage comme un risque d’empoisonnement et provoque une forte nausée.
Cependant, il ne s’agit pas là du seul facteur d’aggravation des troubles. Le chercheur pointe du doigt deux autres points directement liés au design des voitures autonomes. Le premier est l’usage de sièges rotatifs pouvant se placer dos à la route. Sur le papier, cela donne de très belles images pour les concepts cars. Mais dans les faits, cette position augmente largement les informations conflictuelles au sein du cerveau.
Le deuxième point concerne le développement d’activités annexes au sein des voitures autonomes. En effet, avec les sièges rotatifs, la voiture du futur est ré-imaginée comme un espace de vie mobile. Sur le papier, il devient possible de travailler ou passer un moment convivial le temps du trajet. Or, le fait de lire ou de regarder son smartphone en voiture aggrave largement la kinetose. Comme Cyriel Diels l’indique en introduction de son article, « Les processus de design doivent prendre en compte les mécanismes de perceptions de base. Les voitures autonomes ne peuvent être vues comme des salons, ou des bureaux sur roues ».
Des solutions parfois pires que les problèmes eux-mêmes
Heureusement pour nous, les chercheurs ne sont pas à cours d’idées pour résoudre le problème. Contrairement aux designers automobiles, Cyriel Diels estime qu’il faut absolument éviter les sièges dos à la route. De plus, il recommande d’augmenter les surfaces vitrées et d’éviter au maximum que des éléments de carrosserie viennent bloquer la vue des passagers. Enfin, le chercheur met en avant l’usage de technologies de réalité augmenté sur les vitres. Ces dernières pourraient indiquer à l’avance les futurs virages que la voiture va effectuer, afin d’aider les utilisateurs à les anticiper. C’est dans ce sens que va le brevet d’Uber, avec ses lunettes qui clignotent. De manière plus simple, la marque Citroën avait sorti une paire de lunettes recréant un horizon artificiel.
Enfin, une autre solution pourrait sauver les conducteurs de l’envie de vomir. Ironiquement, il s’agit des casques de réalité virtuelle, qui sont eux aussi réputés pour donner la nausée. Pourtant, cela n’a pas empêché Apple de déposer un brevet allant dans ce sens en mars 2018. La marque a imaginé un système permettant aux passagers de visualiser en immersion, les virages et les accélérations réelles de la voiture. D’après le professeur John F. Golding de l’université de Webminster (Londres), interrogé par le site TechRadar, il s’agit sans doute de la meilleure solution pour lutter contre le mal des transports. On vous laisse donc imaginer une voiture autonome contenant 4 personnes se faisant face et discutant avec un casque de réalité virtuelle sur la tête. Quand la tech essaye de réinventer la roue, elle ressemble parfois à un serpent qui se mord la queue…
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