
L'adoption du fonds « Breizh Up Pêche » par la région Bretagne pour soutenir la pêche artisanale hérisse les défenseurs de l'environnement.
Le 28 juin 2024, le Conseil Régional de Bretagne a acté la création d'un nouveau dispositif destiné à soutenir la pêche artisanale bretonne (98 % de la pêche en Bretagne). Baptisé « Breizh Up Pêche », le nouveau fonds – qui mélange public et privé – pourra être actionné pour financer des projets de rénovation ou de construction de bateaux moins énergivores. Pour pouvoir y prétendre, les propriétaires de bateaux devront être soutenus par au moins un financement privé qui devra financer au maximum 25 % du projet. Les propriétaires seront donc aidés à 50 % maximum : 25 % par des investisseurs privés et 25 % par la région. Pour amorcer le fonds de co-investissement, la région Bretagne prévoit d'injecter 3 millions d'euros. Officiellement, le président de la région Bretagne, a présenté le fonds comme « un pas dans la décarbonation de la filière ». Un argument que réfutent les défenseurs de l'Océan, qui dénoncent une manœuvre pour contourner la réglementation européenne.
« Breizh Up Pêche » : un fonds au service du greenwashing ?
Avant le vote, défenseurs de la pêche durable et élus écologistes avaient appelé à rejeter la création du fonds qui s'inscrit dans le sillage de la « Feuille de route halieutique bretonne 2024-2027 ». Un document approuvé le 5 février 2024 par le Conseil économique, social et environnemental régional qui définit « la nouvelle politique mer et littoral pour ce qui concerne la pêche et l’aquaculture » de la région Bretagne. Dans ce document stratégique, que s'est procuré Splann (média d'investigation indépendant breton), la région y exprime, entre autres, sa volonté de cofinancer le renouvellement des bateaux de pêche, y compris les semi-hauturiers et hauturiers de plus de 12 mètres, aux conséquences économiques et environnementales néfastes.
« Breizh Up Pêche » : une catastrophe pour l’océan et le climat
L'association Bloom, qui œuvre pour la conservation marine, qualifie la création de ce fonds de « désastreuse » pour la Bretagne, et dénonce un montage grossier. « Les aides directes à la construction de navires de pêche étant interdites, la région Bretagne a décidé d’alimenter un fonds privé dont elle est la seule actionnaire qui interviendrait « selon les mêmes modalités qu’un investisseur privé ». L'association, engagée dans la lutte contre le chalutage, qualifie « Breizh Up Pêche » de société écran destinée à contourner une réglementation européenne de 2022 interdisant les subventions publiques pour la construction de navires au motif qu'elles « encouragent la surcapacité chronique des navires et la surpêche. » Laetitia Bisiaux, chargée de projet au sein de l’association, s'inquiète du manque de transparence et de contrôle : « On saura juste que de l’argent a été donné à ce fonds, mais pas qui en a bénéficié. »
Au-delà du financement, Bloom conteste la « définition » du terme PME tel qu'il est entendu par le fonds. « Les PME au sens européen sont éligibles au fonds « Breizh Up Pêche », c’est-à-dire les entreprises de moins de 250 employés et avec un chiffre d’affaires annuel inférieur à 50 millions d’euros. On est loin du modèle artisanal puisqu’une entreprise comme la Compagnie des pêches Saint-Malo, qui fabrique du surimi industriel et qui voulait investir dans le navire-usine « Annelies Ilena » mesurant 145 mètres de long, rentre dans ce critère. »
Pour décarboner le secteur de la pêche, une autre voie est possible
À la création du fonds, « Breizh Up pêche » a été adopté à la quasi-unanimité par l'ensemble des groupes politiques, à l'exception des écologistes. La conseillère régionale Julie Dupuy (Ecologistes de Bretagne) a indiqué que « le chalutage de fond est la pire technique de pêche en termes de consommation de carburant et qu’il n’appartient pas au contribuable breton de financer la dépendance aux énergies fossiles du chalut ». Elle a également rappelé à Loïg Chesnais-Girard et Daniel Cueff, respectivement président et vice-président de la région Bretagne, « les propos choquants qu’ils avaient tenus aux Assises de la pêche, où Daniel Cueff avait qualifié les ONG de terroristes », indique le communiqué de l'association Bloom. La conseillère précise « être favorable » aux dispositifs d’accompagnement du secteur, mais plaide pour une conditionnalité des aides afin de permettre « aux pêcheurs et aux pêcheuses d’aller vers de la pêche durable. » Un avis partagé par Bloom, pour qui il existe « des engins bien moins énergivores, sélectifs et créateurs d’emplois que le chalut : la petite pêche côtière, c’est-à-dire les navires de moins de 12 mètres pratiquant la ligne, le casier ou le filet » qui permettrait de s'orienter vers une « vraie » planification de la transition du secteur.
Merci pour cet article bien triste encore mais si essentiel!
Il faut relayer ces informations le plus possible afin que l'ensemble de la population comprenne les liens qui existent entre la mafia de la pêche et les instances européennes ainsi la main-mise sur la distribution des impôts des français et européens pour servir les intérêts privés, le plus souvent accompagnés de la destruction de ce qui reste d'espaces "sanctuaires" de bien être...
CQFD : "Ce qui est rare est cher!", je rend la ressource rare en la ravageant pour la vendre plus cher et je m'acoquine avec les décideurs pour enfumer les citoyens, en les empêchant de prendre le temps de comprendre le Monde...