Une multitude de personnes type cartoon dont le personnage en 1er plan est très sceptique

Innovations : 84 % des Français ont le sentiment qu’elles bénéficient surtout aux riches

L’innovation avance mais comment affecte-t-elle les Francais ? Elle les divise !

Le Trust Barometer 2024 d’Edelman (baromètre annuel de la confiance menée auprès de plus de 32 000 participants dans 28 pays) révèle un nouveau paradoxe : l'innovation contribuerait à une nouvelle ère de prospérité mais aggraverait la relation de confiance entre les Français, les dirigeants et les experts. Conséquences : une plus grande instabilité sociale et une forte polarisation politique.

L’innovation : prospérité économique ou polarisation sociétale ?

Chômage (85 %), dérèglement climatique (77 %), conflits nucléaires (76 %) et inflation (72 %) sont les principaux motifs de préoccupations des Francais. À ces thématiques, viennent s'ajouter les cyber-risques, redoutés par 78 % des Français (+ 7 %) et les fake news qui passent de 54 % en 2023 à 67 %. Plus surprenant, le Baromètre révèle que l’innovation est un nouveau facteur de polarisation, mettant en péril les progrès futurs dans des domaines tels que la médecine, l’IA et les énergies propres : 71 % des Français estiment que les changements sont « trop rapides » et ne reflètent pas leurs valeurs (67 %). Et, ce n'est pas tout : 84 % ont le sentiment qu’elles bénéficient en priorité aux riches et 66 % que le « capitalisme technologique fait plus de mal que de bien au monde » . La réticence aux innovations est marquée politiquement : les sympathisants de droite (45 %) étant plus susceptibles de s'y opposer que ceux de gauche (36 %). Un phénomène qui selon Edelman serait commun aux démocraties occidentales. Les écarts les plus importants se situant aux États-Unis (41 points), en Australie (23 points), en Allemagne (20 points) et au Canada (18 points).

Le rôle des scientifiques face aux défis de l’innovation

L'étude révèle un paradoxe sur la relation à la science : si 52 % des Francais regrettent un manque de communication des scientifiques qui rendrait plus acceptable et compréhensible les innovations, ils sont 60 % à juger que la science est trop politisée (53 % dans le reste du monde). Ainsi, 52 % des Francais estiment que le gouvernement et les organismes de financement de la recherche exercent une influence « excessive » dans la gestion de la science. Des chiffres qui placent la France au troisième rang mondial des pays défiants sur le sujet. Entre mutisme et manque d'impartialité des scientifiques, 67 % des Francais déclarent faire autant confiance à leur entourage ( « quelqu’un comme moi » ) qu'à la communauté scientifique (65 %) pour « dire la vérité sur les nouvelles technologies ». Un chiffre qui reste néanmoins nettement supérieur à la confiance accordée aux membres du gouvernement sur le sujet (45 %).

L'entreprise = moteur de l’acceptation de l’innovation

Les Français expriment le besoin de comprendre comment l'innovation influencera leur avenir et recherchent des réponses convaincantes. Qui selon eux est le mieux placé pour gérer l'innovation ? Jugées comme les institutions les plus fiables au monde pour la quatrième année consécutive, 46 % font confiance aux entreprises (devant les ONG : 45 %, le gouvernement : 37 % et les médias : 37 %). Un engagement attendu au-delà des frontières de l'entreprise à laquelle s'ajoute celle de la transparence, puisque 70 % des employés espèrent que leurs dirigeants communiqueront « clairement » sur des sujets concernant la société française dans son ensemble comme l'utilisation éthique de la technologie, l'impact de l'automatisation sur l'emploi ou encore la formation et le reskilling (qui consiste à recruter un candidat sur un poste même s'il ne possède pas encore les aptitudes nécessaires).

Méthodologie : Enquête auprès de 32 000 personnes dans 28 pays.

Peggy Baron

Chaque jour je m'installe à la terrasse de l'actu et je regarde le monde en effervescence. J'écris aussi bien sur les cafards cyborg que sur le monde du travail, sans oublier l'environnement et les tendances conso.

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commentaires

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  1. Avatar LOIZEAU Jean Michel dit :

    il ne faut pas confondre innovation technologique et progrès de la science.Beaucoup d'innovations technologiques peuvent porter bien plus de destruction que d'avantages (ex la bombe atomique, les pesticides (ils détruisent la bio diversité), le numérique (une belle avancée, qui par sa fascination est dangereuse, consomme beaucoup de CO2, et est utilisée davantage pour détruire)
    en fait l'état de la civilisation et de la société (en net recul lorsqu'il s'agit de considérer les plus faibles), la voracité du fonctionnement de l'économie par le marché, entraine des usages nocifs des avancées techniques ( et rappelons-nous des chambres à gaz)

    le fonctionnement de notre économie de marché oriente la littérature, les arts et
    même la science
    c'est ainsi, et il faut le prendre en compte
    Il n'y a pas de quoi rester béat

  2. Avatar Georges PATOULACCHI dit :

    Bonjour,
    On se rapproche des réflexions sur ce qui est le bien privé ou le bien commun et ce qui devrait changer de camp.
    Le problème n'est pas l'avancée mais la direction. Qui dirige ? Qui a assez de recul pour juger les conséquences à moyen et long terme des directions ? Sommes nous voués à rester dans ce perpétuel vortex de la course en avant exponentielle ? Je pense que l'arrêt sera brutal et que nous redeviendrons des humains au service de l'humanité un jour, et plus du marché...

  3. Avatar Anonyme dit :

    Je suis curieux de savoir ce qui est considéré comme "science" selon le sondage. Quand je lis que 60% des sondés jugent la science trop politisée, je croise les doigts pour qu'ils parlent plus de l'économie que de la physique.

  4. Avatar Anonyme dit :

    Utiliser une image qui je suppose a été générée par IA (aucun.e auteur.e crédité.e et des difformités apparentes) plutôt que d'embaucher un graphiste (particulièrement touchés par la précarité), c'est une bonne façon d'illustrer le sentiment général évoqué dans l'étude citée.

  5. Avatar Anonyme dit :

    A la lecture du baromètre, on comprend que ce n'est pas "l'innovation" qui pose problème (le baromètre indique par exemple que les innovations permettant la transition énergétique sont bien perçues) mais certaines innovations comme l’intelligence artificielle ou les avancées sur la manipulation du génome où les répondants français se montrent "prudents", avec d'ailleurs un rejet plus prononcé pour l'intelligence artificielle ou encore les OGM.

    Contrairement à ce que pourrait faire croire l'article, les français interrogés font plutôt preuve de bon sens et semblent souhaiter que l'innovation leur soit bénéfique plutôt que nuisible pour leur santé et profitable avant tout pour les entreprises (l'IA représentant une véritable menace pour les emplois et pour l'art, la manipulation du génome posant de nombreuses questions éthiques, confère cette expérience :https://www.francetvinfo.fr/monde/chine/chine-naissance-controversee-de-bebes-genetiquement-modifies_3075843.html, ou les OGM, potentiellement cancérigène et permettant aux industries propriétaires des semences de se constituer un monopole de rente.).

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