
Si l'on en croit TikTok, le festival Burning Man s’est transformé en catastrophe postapocalyptique. Sur place, les choses sont pourtant bien plus calmes. Et si cet emballement avait quelque chose à voir avec notre envie de voir des riches souffrir ?
Depuis deux jours, le monde de la tech est sous l’eau… ou plutôt, il patauge dans la gadoue. En effet, le célèbre festival Burning Man qui se déroule tous les ans dans le désert de Black Rock au Nevada, et accueille tout le gratin de la Silicon Valley, vient de connaître un épisode de fortes pluies rendant le terrain impraticable. Si les véhicules à 4 roues motrices peuvent se déplacer, les vélos, les voitures ou les camping-cars sont totalement enlisés dans une boue visqueuse rendant le départ presque impossible. À cause des conditions météorologiques, la mise à feu de l’effigie qui siège au milieu de « la Playa » et qui donne le signal de la fin du festival a été repoussée à ce lundi 4 septembre.
Un arrière-goût de Fyre Festival
Plusieurs vidéos montrant des festivaliers en train de quitter le désert à pied pour rejoindre l’unique route ainsi que l’annonce d’un mort durant les averses a fini par transformer ces difficultés en véritable feuilleton catastrophe. Il faut dire que les images rappellent un autre évènement ; le fameux Fyre Festival de 2017 durant lequel de jeunes gens avaient payé une fortune pour se retrouver coincés dans un camp de fortune aux Bahamas. Mais cette ressemblance n’explique pas les multiples exagérations que l’on a pu entendre depuis ces dernières 24 heures.
Si l’on se fie aux très nombreuses vidéos YouTube et TikTok sur le sujet, les festivaliers souffriraient de faim et de soif, coincés dans un désert boueux sans moyen de contacter le monde extérieur. Les routes étant impraticables, les organisateurs du festival ont demandé à rationner l'eau et la nourriture, chaque participant étant censé avoir apporté de quoi se nourrir et s’hydrater en autonomie pendant une semaine. Certaines vidéos font référence au sable de Black Rock qui est si fin qu’il aspire l’humidité de la peau et provoque des blessures semblables à des brûlures chimiques. D’autres rumeurs plus folles évoquent des cas de maladies semblables à Ebola et un confinement du festival décidé par la FEMA (l’agence américaine spécialisée dans les situations d’urgence).
Face à ces rumeurs, les festivaliers ont d’ores et déjà commencé à répliquer sur les réseaux et notamment sur TikTok, indiquant que malgré la situation difficile, ils n’étaient pas malades et qu’ils ne manquaient de rien. « Tout le monde va bien, les festivités continuent, les rumeurs sont ridicules », explique en substance Angie Peacock sur son TikTok.
« Ça fait plaisir »
En dehors de la volonté de la télévision américaine, relayée par les tiktokeurs, de vouloir viraliser une histoire totalement exagérée, comment expliquer que les difficultés de Burning Man se soient transformées en fable postapocalyptique ? Pour le comprendre, il suffit de se rendre dans les sections « commentaires » des premières vidéos et constater les réactions plus qu’amusées face à la situation.

Cela vient-il du fait que Burning Man a perdu son esprit contre-culturel qu’il avait à son origine ? Si l’évènement se voulait anticapitaliste (les transactions monétaires y sont interdites) et permet la circulation de nombreuses drogues, il est surtout devenu le rendez-vous immanquable des « tech bros » qui déboursent a minima entre 1 500 et 2 500 dollars pour passer du bon temps. Depuis quelques années, des critiques se sont élevées contre les camps « plug and play », au sein desquels de riches festivaliers viennent s’installer dans des structures tout confort, une façon de vivre loin de la philosophie initiale du festival qui consiste à mettre des ressources en commun et à vivre en autosuffisance. Comme l’histoire du sous-marin Titan, la gadoue du Burning Man a amusé pas mal d’internautes en illustrant la vanité des ultras riches face à des éléments naturels indomptables.
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