
À la maison, l'environnement est avant tout une histoire de tâche ménagère. Alors comme la charge mentale, la charge morale pèse sur les femmes.
Début janvier, la YouTubeuse Coline commençait l’année avec une vidéo qui faisait l’effet d’une bombe intitulée « J’en ai marre d’être écolo ». Pourtant engagée, vegan, adepte du DIY et de la seconde main, l’influenceuse lifestyle clamait son ras-le-bol. En cause la charge morale qui pèse sur les femmes maintenant que la prise de conscience de l’urgence écologique est à peu près acquise pour tout le monde.
Femmes au bord de la crise écologique
Le principe est le même que pour la charge mentale, un concept popularisé en 2017 par la dessinatrice Emma dans son livre Fallait demander. Cette fois, c’est de zéro déchet, d’anti-gaspi, de détox, de slow life, de « petits gestes » qu’il s’agit. Mais c’est toujours sur les mêmes épaules que ça retombe. Celles des femmes.
Dans un article de L’Express, les mères de famille écolo confient leur épuisement face à l’ampleur des tâches ménagères devenues écologiques. Car à la maison, être écolo est avant une histoire de tâches ménagères. Manger bio, local et « fait maison » implique d’anticiper tous les repas en avance. Utiliser de la lessive DIY suppose de prendre du temps pour la fabriquer. Acheter ses vêtements en fripes plutôt que sur Asos, aussi. Et on ne parle même des couches lavables et du papier toilette réutilisable.
Le problème c’est que les tâches ménagères incombent toujours en majorité aux femmes. Une étude Ifop pour Consolab datant d’avril 2019 révélait que les inégalités de partage de tâches se réduisent très lentement. La proportion d’hommes n’effectuant aucune activité domestique n’a presque pas bougé depuis 2005. En France, trois quarts des femmes déclarent ainsi faire plus que leur conjoint au sein du foyer.
Écologie et culpabilité font bon ménage
Il ne s’agit pas que de passer ses week-end à coudre des lingettes démaquillantes ou à chercher des recettes zéro déchet. La charge écologique s’accompagne aussi d’un volet mental. Séverine, infirmière et mère de 3 enfants, raconte ainsi à la journaliste Manon Boquen, comment son mari chargé d’aller faire les courses est revenu avec une salade prélavée et emballée dans du plastique. À la maison, la femme se retrouve donc garante des décisions écolo. Sur YouTube, Coline note ainsi qu’elle est à l’origine de tous les choix éco-responsables de sa famille, du compost aux couches lavables.
Pire encore, une fois que la décision est prise, le retour en arrière est impossible. Pourtant, comme nous le confiait Ophélie, à la tête d’une famille zéro déchet de 6 enfants, « Le zéro déchet absolu n’existe pas » . Mais là encore, la culpabilité de l’échec pèse sur le mental des femmes, qui sont de facto responsables. Un cercle vicieux que le #MeToo n'aura pas réussi à briser.
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