
Le jeûne était déjà tendance dans nos assiettes. À présent, c'est notre matière grise qu'il faudrait mettre au régime.
Oui, Internet conspire à nous rendre cons, très cons. Mais pas que. Ça nous rend aussi accros. Et même les pros de la tech n’y échappent pas. Dans la Silicon Valley, la tendance est donc à la diète. Pas de chou kale au programme, cette fois-ci on parle d’un jeûne de dopamine.
Souvent qualifiée de molécule du bonheur, la dopamine est le neurotransmetteur de la motivation et de la récompense. Et c’est la cible préférée de nos réseaux sociaux et applis favoris, spécialement conçus pour activer le système de récompense de nos cerveaux. Et nous filer, un bon gros shoot de dopamine.
Pour soulager leurs cervelles sur-stimulées, certains se mettent donc à la diète de plaisir. Cameron Sepah, psychologue spécialisée dans l’optimisation de la santé et des performances des CEO et VC et lui-même investisseur en capital risque (quelqu’un aurait-il parlé de cerveau sur-stimulé ? ) a popularisé le terme « jeûne de dopamine » dans un article publié sur LinkedIn en août 2019.
Déshabituer son cerveau à la dopamine
Sa méthode, façon jeûne intermittent, est simple : une à quatre heures de diète tous les soirs, un jour par semaine sans aucun stimuli, un week-end par trimestre et une semaine par an. À l’heure de la déconnexion, la tech est clairement visée par l’investisseur-psychologue. Mais pas que, puisqu’il identifie 6 sources de plaisir à proscrire pour apaiser nos cervelles :
- la nourriture plaisir
- Internet et les jeux vidéo
- le shopping et les jeux d’argents
- le porno et la masturbation
- les nouveautés
- les drogues récréatives – alcool et caféine compris, désolée.
Malgré les graphiques à l’allure scientifique, la méthode de Cameron Sepah n’est pas fondée sur des travaux de recherche. Elle s’appuie uniquement sur de l’observation et la façon dont sont traités les addicts aux drogues dures du type cocaïne, amphétamine et méthamphétamine. Interrogé par Inverse, Kent Berridge, à la tête d’un laboratoire de l’Université du Michigan dédié à l’étude du plaisir, est sceptique. « Tant que personne ne mesure l’activité de la dopamine avant, pendant et après un jeûne, impossible de savoir si ça a un effet. » affirme-t-il.
J'peux pas, j'ai jeûne de dopamine
Mais qu’à cela ne tienne. Une rigueur monacale pour décupler ses performances cognitives et son attention, il n’en fallait pas plus pour convaincre le petit monde de la Silicon Valley. Une utilisatrice de Twitter installée à San Francisco raconte ainsi comment un interlocuteur a écourté une conversation avec elle pour cause de « jeûne de dopamine ». Charmant.
In an instance of the Bay Area being very Bay Area: today was my first day in SF since moving here, and I ran into someone from my YC batch who told me he was on a “dopamine fast” and thus had to cut our convo short (lest he acquire too much dopamine)
— Janey Muñoz (@jnymnz) October 1, 2019
Vraie solution pour survivre dans le monde moderne ou bullshit complet ? Sans avoir la réponse, on ne peut pas s'empêcher de se poser la question.
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