
Facebook nous rend malheureux, ça, on le savait déjà. Mais des chercheurs ont découvert qu’il était aussi possible d’utiliser vos posts sur le réseau social pour évaluer où en est votre dépression. Elle est pas belle la vie ?
Déprimer sur Facebook, ça arrive à tout le monde. Ce serait même l'un des effets les plus certains que le réseau provoque sur nous. Désormais, les équipes du docteur Johannes C. Eichstaedt, des universités de Pennsylvanie et de Stony Brook ont mis au point un algorithme - ben oui, c'est tellement plus sympa que d'aller voir un psy - pouvant prédire les signes de votre dépression rien qu'en se basant sur vos posts Facebook. L’analyse est jugée aussi fiable qu’un questionnaire d’auto-évaluation psychiatrique et pourrait même détecter les premiers signes d’une maladie mentale, trois mois avant un rendez-vous médical.
Les mots des maux
Pour prédire avec exactitude vos états d’âme, les scientifiques ont fait appel à une méthode de deep learning. Ils ont alimenté la base de données d’une intelligence artificielle avec les profils de 683 patients. 114 d’entres eux avaient été diagnostiqués avec une dépression. La machine a ensuite été entraînée pour détecter un certain type de vocabulaire, en fonction du sexe de l’âge et des origines ethniques des individus. Parmi les mots récurrents, l’IA était capable de détecter ceux relatifs à la solitude, la tristesse et l’hostilité.
En plus de ce lexique, l’algorithme était aussi sensible à la répétition du pronom « je » et du degré de « rumination » des pensées. Ces deux éléments seraient particulièrement présents dans les publications des personnes se concentrant en boucle sur des problèmes personnels. « Nous avons choisi d’étudier la dépression, car il s’agit d’une maladie souvent très mal diagnostiquée, explique Johannes C. Eichstaedt. Identifier les patients qui sont aux premiers stades de la maladie permettrait de les mettre en contact avec des médecins de manière plus rapide. »
Les réseaux sociaux dans nos cerveaux
L’idée d’analyser nos données afin de détecter des maladies mentales ou prédire des tentatives de suicide n’est pas nouvelle. Les assistants vocaux de Google ou d’Apple tentent déjà de répondre, avec plus ou moins de maladresse, à nos déprimes. En 2016 Facebook avait suivi le mouvement et mis en place un bouton de prévention anti-suicide présent dans la case « signaler un commentaire ». Par ailleurs, le réseau social est aussi au centre de plusieurs études portant sur le mal-être qu’il pourrait causer à ses utilisateurs.
En 2012, le sociologue Hui-Tzu Grace Chou avait démontré que l’exposition régulière aux photos de vacances parfaites et autres statuts positifs avait tendance à nous donner une image plus négative de nous-même. En 2014, c’était au tour des chercheurs Adam D. I. Kramer, Jamie E. Guillory et Jeffrey T. Hancock de sortir une étude sur l’influence du réseau social sur nos émotions. Ces derniers avaient utilisé Facebook pour mener une expérience sociale sur plus de 700 000 utilisateurs américains. Certains internautes étaient exposés à des contenus positifs tandis que d’autres étaient exposés à des statuts négatifs. À l’issue de cette expérimentation controversée, les chercheurs avaient prouvé que les émotions étaient contagieuses et qu’une exposition aux contenus positifs ou négatifs pouvaient déteindre de la même manière sur les utilisateurs.
Ce genre de nouvelle vous rend triste ? Rassurez-vous ! Instagram est lui aussi considéré comme un vecteur d’angoisse et de dépression depuis une étude menée par la Royal Society for Public Health en mai 2017.
Ainsi, la boucle sera bouclée. Les réseaux nous dépriment... mais ils pourront bientôt mesurer l'étendu des dégâts qu'ils ont causé sur vous. Elle est pas belle la vie ?
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