Tas de déchets électroniques

Toutes les « smart » tech ne sont pas bonnes pour la planète

© Ladislav Kubeš via Getty Images

Dans un nouveau rapport publié jeudi 15 octobre, le think tank The Shift Project propose une méthodologie pour aller vers une sobriété numérique. Et cela implique d'évaluer le réel bénéfice des smart cities et autres lampes intelligentes. 

On commence à le savoir. Le numérique n’a rien d’immatériel et son impact sur l’environnement est loin d’être négligeable. Sa production et son utilisation représentent aujourd’hui 4% des émissions carbonées mondiales et pourraient atteindre 8% en 2025 si rien n’est fait, selon The Shift Project. Dans ses deux précédents rapports, le think tank alertait, chiffres à l’appui, sur les conséquences environnementales de nos usages numériques. Son troisième volet « Déployer la sobriété numérique » s’intéresse à la méthodologie à suivre pour réduire cet impact. Il s’adresse avant tout aux entreprises et aux collectivités.

Tous les outils numériques ne font pas partie de la solution

Le rapport invite notamment à déconstruire certaines expressions comme « smart », « green»... Elles vendent l’idée qu’une technologie, voire une ville entière (les fameuses smart cities), est capable de réduire notre consommation énergétique. « Le problème c’est qu’il n’y a pas de contenus normatifs derrière », pointait Jean-Marc Jancovici, président de l'association, lors d’une conférence de presse jeudi 15 octobre. Certaines technologies ont effectivement un potentiel de gain environnemental, mais « il faut arrêter de percevoir tous les outils numériques comme des solutions par défaut », estime Maxime Efoui-Hess, l’un des auteurs du rapport.

Pour trancher sur le bénéfice réel d’une technologie pour l’environnement, The Shift Project propose une méthode d’évaluation baptisée « SMERT » (pour Smart Technologies Energy Relevance Model). Elle consiste à faire un bilan complet en mettant dans la balance, d’un côté les opportunités d’économies sur la consommation énergétique permises par la technologie, et de l’autre l’énergie consommée pour la mettre en place. Le tout, en prenant en considération l’ensemble du cycle de vie de la technologie.

Le rapport prend l’exemple des lampes connectées dont la luminosité varie selon la présence ou non de personnes dans une pièce. Selon la démonstration faite par les auteurs, elles sont utiles dans certains cas d’usage (dans un bureau collectif par exemple), mais pas dans d’autres (un cadre résidentiel). « On ne peut pas trancher de manière définitive : telle technologie est utile ou non. Il faut évaluer chaque situation », explique Maxime Efoui-Hess. Un travail complexe et chronophage, mais nécessaire selon le think tank pour passer d'un numérique instinctif à un numérique réfléchi. 

Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.
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