Main donnant un billet à une autre sous une table

Cette start-up propose de payer un salarié de la Silicon Valley pour être pistonné

© Yumi mini via Getty Images

Travailler pour Facebook, Google ou Amazon vous fait encore rêver ? La start-up Rooftop Slushie peut vous aider moyennant quelques billets.

Pour travailler dans la Silicon Valley, mieux vaut avoir quelques connaissances bien placées. Mais si vous n’êtes pas un grand fan de networking, il est aussi possible d’être pistonné en payant un salarié de l’entreprise que vous souhaitez intégrer via le site Rooftop Slushie.

Cette start-up met en relation candidats et salariés de la tech. Contre quelques dizaines de dollars, les candidats peuvent demander aux salariés des conseils, des informations, mais surtout des références. C’est-à-dire que le salarié valide le CV d’un candidat et le soumet à son supérieur. De quoi multiplier ses chances d’obtenir un entretien par 10, avance Rooftop Slushie sur son site web. Depuis sa création en 2019, la start-up a permis l’achat de 12 000 références via sa plateforme. Plus de 80 000 entreprises seraient enregistrées, selon Gizmodo.

Capture d'écran du site RooTop Slushies

Une référence contre 50 dollars

Concrètement, le candidat remplit un formulaire dans lequel il précise les entreprises qui l’intéressent et le montant qu’il est prêt à payer pour obtenir une référence – entre 20 et 50 dollars environ – puis il télécharge son CV. Les salariés des sociétés tech connectés à la plateforme peuvent voir les CV téléchargés et le prix proposé par les candidats. À eux de choisir ceux qui les intéressent. Les salariés de Facebook et Google sont ceux qui vendent le plus de références, explique Daniel Kim, directeur produit de la jeune pousse, au média OneZero.

Rooftop Slushie prend une commission de 30% sur chaque référence achetée via son site.

La start-up estime qu’elle rend le processus de recrutement des entreprises de la tech plus égalitaire car elle permet à des candidats, qui n’ont pas de contact au sein de ces sociétés, d’être visibles.

Le pot-de-vin version Silicon Valley

Tout le monde n’est pas de cet avis. Pour Peter Cappelli, directeur du centre des Ressources humaines à la Wharton School interrogé par OneZero, c’est de la corruption, version 2.0. « Le candidat paie pour influencer le comportement d’un salarié. » Il ajoute que juridiquement le salarié se doit d’être loyal envers son employeur, c’est-à-dire de ne pas mettre son intérêt personnel en avant, si celui-ci est contraire à l’intérêt de son employeur.

Et qu’en pensent les employeurs ? Un porte-parole d’Amazon a assuré à OneZero vouloir mettre fin à cette pratique, source de conflits d’intérêt. Google dit la réguler en demandant à ses salariés de ne donner des références qu’à des candidats dont ils apprécient les compétences et l’expérience. Facebook, Netflix et Apple n’ont pas souhaité répondre.

Rooftop Slushie prouve surtout que le secteur de la tech fonctionne majoritairement au piston. Certainement l’une des raisons qui explique le peu de diversité au sein de ce secteur. Plutôt que d’ouvrir davantage les processus d’embauche, la réponse de la Silicon Valley à ce problème est… de créer un nouveau service et une sorte de marché parallèle du recrutement. À chaque souci son appli.

Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.

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