Relativement peu connu du grand public, cet entrepreneur spécialisé dans les business basés sur l’IA donne le la à tout un secteur bouillonnant.
Si vous n’appartenez pas à la caste (un brin agaçante) des digital nomads ou bien que vous n’avez pas encore lancé votre business révolutionnaire à base de dessins animés pour enfants générés par intelligence artificielle, son nom ne vous dira sans doute rien. Pourtant, Pieter Levels est sans doute LA personne que les solopreneurs voulant devenir millionnaires grâce à ChatGPT suivent avec assiduité.
Celui qui te promet de coder sans coder
Son dernier coup d’éclat ? Être le premier à « prouver » qu’il est possible de créer un jeu vidéo, ou du moins un prototype, en utilisant uniquement des techniques de « vibe coding » , c’est-à-dire en demandant aux LLM de générer du code à sa place. Accessible sur le site fly.pieter.com, ce petit simulateur de vol est aussi perclus de publicités pour d’autres solopreneurs comme lui ; une combine qui lui aurait rapporté près de 90 000 dollars en quelques semaines. Il faut dire que depuis le mois d’août 2024, date de son apparition dans le podcast de Lex Fridman (vu plus de 2,4 millions de fois), Levels est devenu une star de l’influence entrepreneuriale sur les réseaux et attire donc facilement les contrats publicitaires venant d’autres influenceurs comme lui.
Avant d’en arriver là, Pieter Levels s’est surtout fait connaître dans le milieu des « digital nomads » au milieu des années 2010. Avec son look de jeune premier blondinet, chemise ouverte et pieds nus, il va se mettre en scène sur les réseaux et comprend rapidement qu’une partie du succès vient de sa notoriété d’influenceur et non pas vraiment de ses différents business. Il se lance ainsi dans plusieurs défis censés faire parler de lui, comme le fait de lancer une douzaine de startups en 12 mois et de trouver parmi toutes ces tentatives une idée qui fonctionne vraiment. Sa transparence totale, autant sur ses réussites que sur ses nombreuses plantades, donne tout de suite un aspect authentique et sympathique au personnage. Il fait finalement connaître le succès avec des plateformes utilisées par ces travailleurs « en vacances » comme Nomad List ou Remote OK.
Beaucoup de bruit pour rien
Quand le monde de l’IA explose à partir de 2022, notre serial entrepreneur s’engouffre dans la brèche et aligne les créations de projets auprès de sa communauté « d’indie hackers ». Début 2023, il lance notamment Photo AI, un service en ligne permettant aux utilisateurs de générer des photos de profil ou des avatars photoréalistes d'eux-mêmes dans différents styles, en téléchargeant quelques photos personnelles (vous l’avez sans doute utilisé pour vous amuser). La même année, il sort aussi Interior AI, censé permettre à n’importe quel utilisateur de redessiner virtuellement son intérieur en téléchargeant une photo de sa pièce. D’autres projets de ce type vont s’enchaîner jusqu’en 2025, avec à chaque fois la même méthode : ils consistent généralement à concevoir des « wrappers », c’est-à-dire des interfaces simples construites autour de technologies ou d'API tierces, avec une valeur ajoutée technique intrinsèque limitée.
En fin de compte, Pieter Levels est le représentant parfait des solopreneurs de l’IA : véritables hyperactifs de la création, avec des projets qui ne tiennent jamais vraiment la route (Pieter mentionne un taux d’échec de 95 % et indique que seules 4 entreprises sur plus de 70 sont vraiment rentables), mais qui épousent sans cesse les promesses toujours plus folles portées par les pontes du secteur comme Sam Altman. Loin du gourou technique, Pieter Levels a surtout pour mission de faire rêver l’écosystème de la tech et de maintenir l’idée selon laquelle l’IA va tout révolutionner… un jour.
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