Oeil psychédélique avec effet vibratoire

Kétamine, champis, LSD… Ces startups veulent guérir les troubles mentaux avec des drogues

À la faveur d’études prometteuses, une industrie émergente tente de mettre au point une flopée de traitements à base de drogues dites psychédéliques. Tour d’horizon. 

Prenez donc un peu de kétamine pour soigner votre alcoolisme, et puis un peu MDMA pour vos crises d’angoisse… Les traitements psychiatriques de demain seront-ils à base de drogues dites psychédéliques ? Pour le moment, peu de traitements sont autorisés. Mais la banalisation du cannabis à usage médical, la démocratisation du microdosing et la publication de plusieurs études démontrant leurs bienfaits thérapeuthiques ont poussé une industrie émergente à s’emparer du sujet. Une flopée de jeunes pousses majoritairement créées entre 2019 et 2022 financées à coups de millions de dollars, tentent de développer de nouveaux médicaments à base de kétamine, LSD, MDMA, DMT (la substance issue de l'ayahuasca) et psilocybine, pariant sur leur future approbation par les autorités du médicament. 

Ce marché appelé psychedelics tech devrait atteindre 8 milliards de dollars en 2028 selon une estimation d'Insight Ace, contre 3,6 milliards de dollars en 2021. Voici quelques exemples de cette nouvelle économie. 

Awakn, la kétamine pour soigner l’addiction à l’alcool 

La kétamine est connue de l’industrie pharmaceutique, puisqu’elle est utilisée depuis de nombreuses années en tant qu’anesthésiant, mais on parle surtout de ce psychotrope pour son usage récréatif. De récentes études ont démontré qu’utilisée en petites quantités, elle pouvait aussi permettre de traiter certains maux dont l’addiction à l’alcool. C’est sur cela qu’Awakn, société britannique, a décidé de travailler en priorité. La substance permettrait aux patients d’avoir une nouvelle perspective, de prendre de la distance par rapport à leur addiction, et donc de mieux tenir l’abstinence. Depuis mars 2023, le traitement d’Awakn est testé dans une clinique indépendante new-yorkaise et dans 4 autres cliniques (dont Awakn est propriétaire), rapporte le Financial Times. Awakn planche également sur un traitement à base de MDMA, toujours pour lutter contre la dépendance à l’alcool. 

Journey Clinical, le Uber de la kétamine 

Cette entreprise new-yorkaise créée en 2020 a pour ambition de démocratiser les thérapies à base de kétamine, qui reste pour le moment cantonnée à quelques cliniques dans le cadre d’essais. Concrètement, les patients s’inscrivent sur sa plateforme, font un test pour savoir si la kétamine est un bon traitement pour eux, reçoivent le traitement par livraison et sont mis en relation avec un thérapeute. Journey Clinical se décrit comme une clinique décentralisée. Elle a levé au total 16 millions de dollars, rapporte Business Insiders

MAPS, l’ecstasy contre les troubles post-traumatiques

La drogue de l’amour pourrait avoir un effet bénéfique pour les personnes souffrant de syndrome post-traumatique. C’est l’un des combats de la Multidisciplinary Association for Psychedelic Studies (MAPS), qui fait partie des organisations les plus actives du secteur des psychédéliques. L’entreprise adossée à cette association à but non lucratif devrait recevoir l’approbation de la FDA pour la commercialisation d’un traitement courant 2024. Son étude a montré que 67 % des patients participants étaient en rémission après un an de traitement. Elle entend soigner d’autres pathologies grâce à la même molécule : boulimie, anorexie, troubles de l’anxiété chez les adultes autistes… 

Cybin, des champis contre les dépressions sévères 

Comme d’autres du secteur, Cybin, créée au Canada en 2019, avance vouloir révolutionner la santé mentale. Elle développe actuellement 3 traitements, tous à base de psilocybine, la substance que l’on trouve dans les champignons hallucinogènes. L’un pour les dépressions sévères, l’autre pour la dépendance à l’alcool et un dernier contre l’inflammation des neurones (que l’on observe chez les malades d’Alzheimer). Les effets des champignons hallucinogènes sur la santé mentale ont en effet été démontrés dans différentes études, dont l'une publiée en 2020 dans le JAMA Psychiatry affirmant qu'ils seraient 4 fois plus efficaces que les antidépresseurs classiques. De quoi convaincre certains adeptes du microdosing avant leur arrivée dans les pharmacies.

Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.
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