On doit beaucoup de nos usages web à quelques communautés de geeks, fans de Star Trek et collectifs hippie des années 1960-70. La websérie Arte Jurassic Web leur fait honneur.
Non, ni Facebook, ni Twitter, ni même MySpace, n’ont inventé le concept de réseau social. Rien ne vaut un bon éclairage historique pour remettre ses pendules à l’heure. Et celui-ci est particulièrement réussi. Jurassic Web est une mini-série documentaire d'Arte réalisée par Chris Eley disponible depuis le 14 septembre. Elle raconte l’histoire des bidouilleurs et bidouilleuses qui ont réussi à s’emparer et détourner les technologies de l’ère pré-internet : téléphones, copieurs et autre minitel.
Sept histoires contées en quelques minutes nous montrent comment ces précurseurs ont créé des espaces de discussion de groupe, des communautés de niche, des échanges d’informations et de ressources. Bref, tous les usages dont on attribue souvent l’invention aux réseaux sociaux d’aujourd’hui.
Phone phreaks, informaticiens d'IBM et étudiants
La série, qui mêle images d’archive et interviews d’historiens et geeks d’antan, revient par exemple sur la conférence 2111. Une salle de conférence téléphonique sur laquelle se réunissaient les phone phreaks, des adolescents qui trafiquaient les tonalités pour prendre le contrôle du réseau téléphonique américain dans les années 1960. « C’était une expérience incroyable, on ne savait jamais qui on allait trouver », témoigne l’un d’eux.
Il y aussi les fans de Star Trek qui auto-publient des fanzines lus aux quatre coins des États-Unis, les informaticiens d’IBM qui créent et partagent des programmes informatiques absurdes, ou encore les étudiants des campus américains qui utilisent les premiers ordinateurs installés dans les universités pour échanger sur la destitution de Nixon et organiser des manifestations…
Grâce à leurs actions, ces inconnus sont parvenus à rendre les nouvelles technologies de communication, alors accaparées par les élites, l’armée et les grandes entreprises, accessibles à tous. Ils méritent bien quelques minutes de notre attention.
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