Julian Assange

Pourquoi l'histoire d'amour entre Julian Assange et les fans de Bitcoin est importante

© Anarchimedia

Enfin libre, le fondateur de WikiLeaks a toujours pu compter sur le soutien de la communauté crypto et du Bitcoin. Assange est devenu une icône pour les partisans des cryptomonnaies, qui voient en lui la preuve qu’elles sont utiles.

Lorsque le 26 juin 2024, Julian Assange pose le pied sur le tarmac de l’aéroport de Canberra, en Australie, il revient au pays après un calvaire de 14 ans. Journaliste ou lanceur d’alerte ? Pour les États-Unis, c’est un traître. Accusé d’avoir divulgué des secrets d’État à travers les révélations de WikiLeaks, qu’il a fondé, il a finalement plaidé coupable en échange de sa libération, après une longue incarcération.

Seule façon pour lui de rentrer au pays « en toute sécurité », le fondateur de WikiLeaks doit débourser 520 000 dollars pour un jet privé, selon sa femme et avocate, Stella Assange. Pour couvrir la dette, elle lance dès lors un « appel d’urgence » au don. Très vite, une communauté en particulier se sent concernée : la cryptosphère, et notamment les partisans du Bitcoin. « Envoyez une adresse Bitcoin ! ! » Sur X, des dizaines de commentaires réclament un canal de paiement alternatif. Devant leur insistance, une cagnotte parallèle en cryptomonnaie est rapidement créée. Au bout de quelques heures, un mystérieux (et généreux) donateur envoie alors la totalité de la somme, 8 Bitcoins.

Quand WikiLeaks parie sur Bitcoin… et gagne le jackpot

Depuis 15 ans, Assange peut compter sur le soutien indéfectible de la sphère crypto. En 2011 déjà, WikiLeaks cherchait à contourner la censure. PayPal, Visa et Mastercard mettent l’organisation sur une liste noire bancaire. WikiLeaks se tourne alors vers le Bitcoin, une nouvelle monnaie virtuelle parallèle qui n’en est alors qu'à ses balbutiements. Son prix est dérisoire : 20 dollars, contre 60 000 aujourd’hui.

Julian ne choisit pas le Bitcoin par hasard. Sa philosophie s’inscrit dans la lignée du mouvement cypherpunk, né à la fin des années 90, et qui prône une protection de la vie privée grâce au recours au chiffrement. À l’époque, ce coup de projecteur n’est pourtant pas du goût de Satoshi Nakamoto, le créateur anonyme de la monnaie virtuelle. « Je fais cet appel pour que WikiLeaks n’essaie pas d’utiliser Bitcoin. Bitcoin est une petite communauté en bêta, encore embryonnaire », s’inquiète-t-il sur le forum bitcointalk.

Peu importe, WikiLeaks va tirer parti de ce nouvel outil financier. En 2014, alors qu’il est réfugié à l’ambassade de l’Équateur à Londres, Julian Assange déclare même que le Bitcoin est « la chose la plus intéressante sur Internet ». Il affirme que grâce au blocage du gouvernement américain, il a même réalisé une plus-value de « 50 000 % » , profitant de l’envolée spectaculaire du prix. Au total, le trésor de guerre de WikiLeaks a réuni 4 043 BTC, soit plus 200 millions de dollars. Cette somme a largement permis de financer la plateforme, tout en couvrant les importants frais de justice de Julian Assange. Surtout, en faisant le choix du Bitcoin, WikiLeaks a réussi à conquérir le cœur des détenteurs de cryptomonnaies, dont beaucoup sont aussi des défenseurs de la « liberté d’expression ».

Des crypto-dons pour prouver l’utilité du Bitcoin

En 2022, 45 millions de dollars en cryptomonnaies avaient déjà été recueillis à travers une DAO (decentralized autonomous organizations), un mode d’organisation construit sur la blockchain. Grâce au token $JUSTICE, le fondateur de WikiLeaks avait pu compter sur un soutien financier et moral de taille. « C'est un coup d'éclat de la communauté crypto qui, je pense, a totalement pris au dépourvu les personnes qui poursuivent Julian », a déclaré son frère, Gabriel Shipton. « Ils pensaient avoir réussi à saigner à blanc Julian ». « En bref, cela lui a sauvé la vie », résume-t-il pour le média spécialisé Decrypt.

Pour les « bitcoiners », Assange est devenu l’incarnation vivante que le Bitcoin a son utilité et peut servir comme système alternatif pour lutter contre la censure. « Bitcoin is for ennemies », clament-ils. Selon eux, l’utilité du Bitcoin est évidente : il sert les causes controversées, comme pour Sci-Hubla plus grande bibliothèque scientifique pirate au monde, financée en grande partie grâce au Bitcoin.

Cette mobilisation crypto se situe toujours à la frontière entre l'altruisme sincère et la volonté de recruter de nouveaux adeptes, synonyme de prix en hausse. Mais la question demeure : les crypto-dons peuvent-ils vraiment servir de levier pour des causes éthiques, ou sont-ils voués à rester au service de l’enrichissement personnel ? Bien que le Bitcoin reste encore une « monnaie » de paria, certaines ONG comme l’UNICEF ont franchi le pas en l’acceptant comme un mode de donation, et ce, malgré les critiques liées à son impact écologique.

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commentaires

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  1. Avatar dany dit :

    Bon après avoir starisé Assange, on l'accuse d'avoir révélé des sales trucs qui ont quand même bien enrichit Delloite, on l'emprisonne afin et on ouvre la porte aux "demandeurs" de Bitcoins afin d'en faire gonfler la valeur... ensuite quand "enfin" il est libéré, c'est au tour de P.Watson... 🙂
    et ce sera qui le prochain ???

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