Loup Wall Street

Gérer ses comptes comme un crack de la finance est devenu mon nouveau hobby

Vous êtes nul·le avec votre porte-monnaie ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas le ou la seule et, spoiler, ça peut s’arranger. Yoann Lopez, « finfluenceur », livre ses meilleurs conseils pour gérer ses comptes comme un cador de la finance, tout en s’amusant. Le money gourou, ça sera bientôt vous.

Il fait partie de la nouvelle vague d’influenceurs, les « finfluenceurs », sortes de gourous de la money qui démocratisent les rudiments de l'épargne et de l’investissement. Car oui, être une catastrophe bancaire, c'est tellement 2000. Avec Yoann Lopez, vous allez libérer le petit loup de Wall Street qui sommeille en vous et gérer vos finances comme un pro. Il est le créateur de la newsletter Snowball qui vous propose chaque semaine de prendre la main sur vos finances personnelles. Il a fait de ses conseils un livre qui vient de paraître – L'effet snowball, ou comment investir avec intelligence (Éditions Eyrolles, 22 €) qui vous explique comment modifier votre style de vie pour devenir (plus) riche. 

Je suis une catastrophe financière. J’ai été interdite bancaire (je tiens à préciser que c’était pour un chèque de 70 € et que ce n'était pas de ma faute) et comme 1/5e de la population, je suis régulièrement à découvert. Est-ce que c'est possible d'apprendre à gérer mes comptes comme une entreprise gère sa trésorerie, ou un trader son fonds d’investissement ? 

Yoann Lopez : Il y a toujours de l’espoir (rires) ! Oui. Avant de parler investissement, la base de la finance personnelle, c’est d’avoir une bonne visibilité sur ses dépenses. Comme une entreprise au moment de racheter une boîte, tu vas auditer ton compte bancaire. Souvent, on sort de l’argent et on ignore où on le dépense. Surtout avec une banque classique qui ne te débite pas forcément en temps réel. Par exemple, j’ai 500 € dehors : est-ce que j’ai dépensé 100 € en soirée, puis 100 de plus en restau, etc. ? Sans te juger, pendant un mois ou deux, tu regardes ton compte et tu traques tes dépenses. 

Je peux peut-être réduire la voilure sur les cappuccinos lait d’avoine à 5 € au coffeeshop (5x30 = 150 € par mois pour du café, oh my god ! ). Ensuite ? 

Y. L. : C’est la partie optimisation. Elle dépend de l’énergie que tu veux y mettre. En gros, est-ce que tu es beaucoup à découvert, ou est-ce que tu veux juste faire quelques ajustements ? Tu peux arrêter les frappuccinos à 5 €. Ça ne va pas changer ta qualité de vie. 

C’est toi qui le dis…

Y. L. : (rires) Mais tu peux optimiser ton forfait de téléphone, ton loyer, etc. Il faut que tu voies ça comme un sport : au début, tu cours 5 km, puis 10, puis un marathon. Pour les finances, c’est pareil, il y a un effort à fournir, même s’il est psychologique et donc invisible. On ne peut pas y arriver instantanément. Par exemple, si tu veux mettre 500 € de côté tous les mois, tu peux réduire considérablement ton rythme de vie du jour au lendemain (les cappuccinos, hein…). 

Oui, ça j’ai compris… 

Y. L. : Sauf que c’est comme pour les régimes sans glucides. Tu te prives, tu te prives, tu « maigris », et, un beau jour, tu reprends tout, parce que ton corps n’est pas fait pour se priver. Alors que si tu manges mieux et que tu rééquilibres ton alimentation, ça fonctionne mieux. L’esprit humain n’aime pas trop le changement.   

Les finances personnelles sont souvent considérées par les banquiers, analystes ou investisseurs comme le parent pauvre de la finance. Pourtant, en lisant ton ouvrage, on comprend que l’on peut appliquer des principes forts de finance et des astuces incroyables pour investir.

Y. L. : Avant d’investir ou de diversifier tes placements, tu vas constituer une épargne de sécurité sans laquelle ça ne vaut pas la peine d’investir... C’est la trésorerie en langage d’entreprise.

Comment je calcule ce matelas ? 

Y. L. : Ça dépend de ta situation personnelle (si tu es en CDI ou freelance, si tu as des enfants à charge ou si tu es célibataire) et de ton caractère. Si tu es quelqu’un d’anxieux et stressé, prévois quelques mois d'épargne supplémentaires. En général, on estime qu’il faut 6 mois d’avance pour couvrir tes dépenses en cas de pépin. Si tu n'as pas encore mis d'argent de côté, tu peux te dire que sur 200 € d’épargne, tu gardes 150 € de côté et tu investis 50 €. 

Alors justement, entre épargne et investissement, la différence n’est pas très claire. Si je mets de l’argent sur un compte qui rémunère comme un livret A, c’est de l’épargne ou c’est un investissement ? 

Y. L. : Beaucoup de personnes confondent. 

Tu me rassures...

Y. L. : Pour moi, l’épargne est placée sur un compte sans risque, du type livret A ou compte bancaire. Il existe de nouveaux produits comme Nexo qui sont suffisamment sûrs à mon sens pour les considérer comme de l’épargne. Pour l’investissement, à l’inverse, il existe un risque de perdre tout ou partie. 

Tu recommandes une gestion fractionnée de son épargne, c'est-à-dire d'allouer un certain pourcentage de ses rentrées d’argent à son épargne et/ou à ses investissements. Tu pourrais nous donner quelques exemples ? 

Y. L. : Plus tu es jeune, plus tu peux te permettre de t’exposer à des actifs risqués, alors que plus tu approches de la retraite, moins tu vas risquer ton capital. Si tu es jeune, tu peux te permettre d’avoir 50 ou 60 % de ton épargne dans des actions, comme une assurance vie, un PEA ou un compte titre. Un autre 30 % dans des investissements peu risqués comme l’or, qui est stable, ou l’immobilier (soit tout ou partie via une SCPI d’un immeuble). Et enfin, j’aime bien dire que l’on peut avoir 10 % dans des actifs très risqués comme les crypto par exemple. À 40 ans, tu peux passer le premier pourcentage à 40 % et augmenter ta part dans des actifs moins risqués, comme l’immobilier. Tu sais que tu ne vas pas faire une énorme plus-value, mais ça te rapporte un peu tous les mois. Enfin, ça dépend aussi de ta peur et comment tu te sens niveau psychologique. Si tu es très flippé, investis dans le moins risqué. C’est important pour se sentir bien et ne pas stresser si les actions chutent.

Tu as rédigé un article (disponible sur Subtrack) pour expliquer comment générer 1 500 € en dormant. J’aime beaucoup l’idée. Problème : je n’ai pas vraiment d'argent. Et dans toutes les solutions que tu proposes pour gagner des sous, il faut déjà en avoir beaucoup ! 

Y. L. : C’est un peu la base de l’effet boule de neige (snowball, comme le titre de ma newsletter). Plus tu en as, plus tu vas en gagner. Pour atteindre 400 000 €, il va falloir quelques mois aux plus chanceux, quelques années pour ceux qui démarrent de zéro. C’est la règle du jeu des intérêts composés. 

Qui sont… 

Y. L. : … un truc qu’on apprend en maths mais qu'on oublie très vite ! C’est simplement te dire que l’argent que tu vas placer génère de l’argent, et cet argent génère lui-même de l’argent. L’effet est exponentiel. 

Il n’existe pas de raccourci ? 

Y. L. : Soit tu gagnes plus, soit tu dépenses moins ! Tu peux tenter de travailler pour gagner plus d’argent en montant un petit business. Ou, à l’autre extrême, de devenir frugaliste et rejoindre le mouvement FIRE (un mouvement dont l'objectif est l'indépendance financière et la retraite anticipée, NDLR) pour atteindre plus rapidement ce niveau de richesse. 

S’il y avait UN conseil à retenir pour bien gérer ses finances, quel serait-il ? 

Y. L. : Se lancer ! Sans prendre de risque inconsidéré. Commence par auditer ton compte, constitue-toi ton épargne de sécurité et commence à investir. Et petit à petit, tu trouveras ta stratégie.

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