Hé oui, encore un acronyme. Cette fois-ci, avec le JOMO, il s'agit de rester à la maison, zapper les réseaux sociaux et prendre du temps pour soi. Et c'est le FOMO qui en prend un coup.
Il y a ceux qui souffrent du FOMO, FOBO voire du FODA. Et puis il y a ceux qui manquent volontairement des événements, qui restent sous la couette à regarder Netflix sans une once de culpabilité ou qui, parfois, éteignent leur smartphone. Eux, ce sont les adeptes du JOMO.
JOMO, ça veut dire Joy of Missing Out. En français, le Plaisir de Passer à Côté. On présente cet acronyme comme l’anti-FOMO. Mi-digital detox, mi-social detox, c’est l’idée de regarder un bon film à la maison sans se soucier de ce qui se dit sur Twitter ou s’affiche sur Instagram. C’est un retrait volontaire et temporaire d’un monde où l’on est sans arrêt sollicité par des notifications et où les événements Facebook se superposent. Bref, c’est ne pas céder à la surabondance d’informations et s’en ficher royalement.
En 2012, l’entrepreneur américain Anil Dash était le premier à utiliser ce terme. Dans un article sur son site, il décrivait son bonheur de rester chez lui, sans consulter ses réseaux sociaux, après la naissance de son fils. Sa conclusion après un mois : il ne passait pas à côté de grand-chose.
Le JOMO et son petit frère le JOSI – Joy of Staying In, le Plaisir de Rester à la Maison – ont un vrai impact business. Quand on regarde les marques préférées des millennials la tendance est claire. En 2016, ils plébiscitaient Apple, Samsung, Microsoft et Sony. Des marques hi-tech qui proposaient toujours plus de produits pour nourrir leur FOMO. En 2018, c’est Netflix – roi du JOMO – qui occupe la première place dans le cœur des millennials.
Et les marques ont bien compris qu'il fallait miser sur cette opposition au FOMO. En mai 2018, Google a présenté son plan pour le « bien-être numérique ». L’outil « Wind Down » permet de limiter les notifications et de mettre l’écran en mode noir et blanc pour éviter la sur-stimulation. Pareil chez Apple qui, un mois plus tard, annonçait des fonctionnalités similaires avec notamment la possibilité de limiter son temps d’écran. Même si détourner le système est un jeu d’enfant – littéralement – l’idée est là.
Autre marque qui a bien compris le potentiel marketing du JOMO, Deliveroo. Le compagnon indissociable des soirées Netflix. Déjà en 2016, avec la campagne #anyexcuse, l’entreprise de livraison de repas proposait un générateur d’excuse pour ne pas sortir et rester à la maison.
Introducing the Deliveroo Excuse Generator, for when you'd rather your sofa than a night on the town. https://t.co/IgIjPvKP6g #AnyExcuse pic.twitter.com/ZuSbSz8a7n
— Deliveroo (@Deliveroo) 28 octobre 2016
Trop de JOMO et on tombe dans le FOMO ?
Prendre du temps pour soi, arrêter de courir, de se recentrer, ok. Le JOMO c’est bien beau. En regardant le phénomène d’un autre oeil, on a vite l’impression de se faire arnaquer par cette « Joie de passer à côté ». Rester dans son canapé au lieu d’aller passer la soirée à courir les bars, ça peut avoir l’air alléchant. Mais lorsque cette « joie » est motivée par le binge watching de la dernière série Netflix – 10 épisodes d’un coup, comment résister ? -, on se retrouve bien vite du côté du FOMO. Sous prétexte de prendre du temps pour soi, on tombe dans l’obligation absolue de tout dévorer d’un coup. Dans un monde où tout va plus vite, il y aura toujours une nouvelle série à regarder la semaine prochaine. Pas question de perdre de temps. Bref, FOMO ou JOMO, on n’est pas sortis d’affaire.
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