La téléconsultation pour chiens et chats, un marché en plein boom

De plus en plus de propriétaires se tournent vers la télémédecine pour animaux de compagnie, pour la plus grande joie des entrepreneurs.

Emmener son animal de compagnie chez le vétérinaire peut s’avérer compliqué. Pleurs, aboiements incessants pendant le trajet… « Nous recevons assez fréquemment des appels de personnes nous disant qu'ils vont être en retard ou qu'ils doivent reporter leur rendez-vous », indique Kathleen Dougherty, propriétaire de la clinique vétérinaire Kenwood Animal dans le Maryland. Pour limiter le stress de leur animal de compagnie, de plus en plus de propriétaires optent pour des téléconsultations.

Télémédecine pour animaux souffrant du syndrome de la blouse blanche

Selon les experts, la télémédecine présente de nombreux avantages : évaluer si un animal doit être vu ( « triage » ), surveillance des maladies chroniques (obésité, diabète...), suivi post-chirurgical, mais aussi une plus grande souplesse pour les propriétaires. Parmi les autres avantages, selon Carly Moody et Grace Boone, scientifiques du Département des sciences animales de l'Université de Californie à Davis, les consultations en clinique vétérinaire engendreraient un « stress et une excitation accrue » chez les animaux mal à l'aise avec tout changement de routine. Un état d'anxiété préjudiciable à la pose d'un diagnostic selon Dougherty : « Certains deviennent agressifs lorsqu’ils sont effrayés ou retenus, ce qui les rend difficiles à manipuler. Le stress peut également affecter la température, la fréquence cardiaque et la respiration. ».

La santé des animaux de compagnie, un marché qui fait boom

CNBC rapporte que selon une étude de Bloomberg Intelligence le marché américain des animaux de compagnie devrait atteindre 200 milliards de dollars d'ici la fin de la décennie. Une opportunité business sur laquelle comptent surfer des entreprises comme Chewy, Petco où encore Walmart. Walmart (partenaire de Pawp et PetIQ) a annoncé son intention d'ouvrir un centre pilote dédié aux animaux de compagnie à Dallas (Géorgie). En plus des soins vétérinaires, le centre proposera une large gamme de services : toilettage, examens de bien-être, nettoyage de dents, coupes de poils. Amazon, a également indiqué que le marché des animaux de compagnie était une priorité.

Lobbying & dérives...

Seul ombre au tableau : les lois régissant la télésanté pour animaux de compagnie (indiquant ce que les vétérinaires sont autorisés à faire s'ils n'ont jamais rencontré d'animal en personne), considérées par certains acteurs comme un frein. En quête de croissance, des entreprises telles que Chewy ou Mars Veterinary Health n'hésitent pas à organiser des campagnes de lobbying. Amazon et ses filiales auraient dépensé près de 430 000 dollars en frais de lobbying ciblant, entre autres, la « surveillance de la santé numérique », la « télémédecine » et la Food and Drug Administration, selon les rapports du Sénat. (Toutefois les données ne permettent pas de savoir si les efforts visaient la santé des animaux de compagnie ou celle des humains, ou les deux).

Mais si la plupart des professionnels pensent que les téléconsultations pour animaux de compagnie peuvent être bénéfiques, certains, à l'image du Dr Lori Teller, ancienne présidente de l'American Veterinary Medical Association et professeur de télésanté à la Texas A&M University, redoutent les dérives mercantiles qui pourraient retarder la prescription d'un traitement ou la pose d'un diagnostic. Le Dr Dougherty appelle également à la prudence : « Les vétérinaires s'appuient sur tous leurs sens. Lorsque j'évalue une incision ou que je recherche des signes d'infection, je ressens la chaleur ou une réaction à la douleur. En téléconsultation, je dois me fier à l'interprétation d'un propriétaire. Parfois, ils ont tort. Si je me trompe, les conséquences pourraient être désastreuses. »