Pourquoi décidons-nous d’acheter responsable ? Et surtout, qui a vraiment accès à cette nouvelle forme de consommation qui met en avant les critères éthiques dans l’acte d’achat ? L’ADN et Citeo ont organisé une table-ronde afin de répondre à ces questions essentielles.
Quelle place pour la consommation responsable alors que l’inflation a frôlé les 14% en janvier 2023 ? À l’heure où chacun fait de plus en plus attention à son budget, difficile de faire ses courses en prenant en compte les critères de développement durable… Conséquence : les ventes de produits bio ont baissé de 7 à 10% en 2022, les Français se reportant sur des produits plus abordables.
Mais qui consomme responsable en France ? Est-ce une habitude de consommation réservée aux riches ? Et que recouvre vraiment ce terme de « consommation responsable » ? Pour répondre à ces questions, l’ADN et Citeo, entreprise à mission créée pour réduire l’impact environnemental des emballages et des papiers, ont organisé une table-ronde en compagnie de Guénaëlle Gault, directrice générale de L’ObSoCo, Stéphanie Foucard, directrice Mobilisation et Engagement chez Citeo, l’anthropologue Fanny Parise, Benoît Bellavoine, directeur du développement au sein de la start-up Le Fourgon, Jacques Fradin, docteur en médecine et psychothérapeute et Ophélie Damblé, YouTubeuse pépiniériste.
La consommation responsable, entre aspirations et contraintes
L’ObSoCo et Citeo ont mis en place dès 2020 un observatoire de la consommation responsable qui a interrogé les Français sur leur définition du sujet. Pour près d’un Français sur deux, consommer responsable c’est consommer local et en circuit court. En revanche, pour 30% d’entre eux, « c’est aussi optimiser sa consommation, faire attention au gaspillage, prendre en compte sa production de déchets », rappelle Guénaëlle Gault. Stéphanie Foucard ajoute que la question du plastique occupe une place prédominante dans les représentations des Français : la consommation responsable, c’est aussi choisir des produits sans emballage plastique et tendre vers le zéro déchet. Plus globalement, le refus de l’accumulation s’affirme comme la nouvelle norme de consommation. Une norme qui n’est pas interprétée de la même manière, si elle passe par la contrainte ou est le fruit de convictions.
Cette consommation responsable est-elle accessible à toutes et tous ? L’anthropologue Fanny Parise s’est intéressée à la place de la consommation responsable dans nos modes de vie. Dans son ouvrage Les enfants gâtés, anthropologie du mythe du capitalisme responsable (Ed. Payot, 2022), elle a construit une typologie de 4 profils types de consommateurs responsables que l’on distingue en fonction de leur sensibilité aux questions écologiques et environnementales.
Comment les entreprises peuvent-elles agir pour rendre cette consommation responsable accessible au plus grand nombre ? C’est la mission que s’est fixée Le Fourgon, start-up qui vise à démocratiser le concept de consigne pour les boissons en organisant des tournées chez les particuliers. « On a voulu réinventer un concept qui existait déjà, la tournée du laitier ou du brasseur avec un service de livraison gratuite à domicile ou au travail de boissons consignées dans des bouteilles en verre qui sont réemployables », explique Benoît Bellavoine, responsable de l’expansion de la start-up. Pour rendre ce service encore plus facile d’accès, la start-up fait en sorte de proposer un prix accessible, compétitif avec les grandes surfaces.
Mais peut-on faire en sorte que les consommateurs changent ou du moins accélèrent leurs changements de comportement ? En effet, 8 Français sur 10 se disent inquiets face au changement climatique malgré cela, le passage à l’action se fait attendre et la résistance face à la transformation de nos modes de vie est forte. C’est pourquoi, Jacques Fradin a créé le GIECO, le Groupe International d’Experts sur l’Evolution du Comportement pour nous aider à comprendre notre comportement. Selon lui, la compréhension du facteur humain est décisive pour changer nos habitudes. En revanche, pour Ophélie Damblé, Ta Mère Nature sur YouTube, la question individuelle a ses limites. « Il faut entrer dans un collectif, dans une association et se mettre au contact des autres. L’écologie est sociale et politique, sortez de chez vous ! », encourage-t-elle.
Retrouvez l’ensemble de la table-ronde dans la vidéo replay de l’événement.
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