Un couple de pingus avec le logo TikTok

Vous pratiquez sans doute le « pebbling » et ça ne fait pas forcément de vous un meilleur ami

© Pingu

Que se passe-t-il quand l’essentiel de vos échanges amicaux se résume à partager des mèmes et des vidéos TikTok rigolotes ?

Bonjour, je m’appelle David-Julien Rahmil et, moi aussi, je pratique le pebbling. Ça a commencé doucement : un petit mème par-ci, que je trouvais drôle et que je voulais partager avec mon groupe habituel d’amis, un post LinkedIn absurde par-là partagé sur le Slack du travail. Puis la pratique s’est intensifiée, surtout depuis l’arrivée de TikTok. La plateforme vidéo fait défiler tellement de contenus amusants, touchants ou complètement what the fuck qu’on finit toujours par trouver la perle rare, celle qu’on va envoyer à un.e ami.e en particulier. À la fois parce qu’on sait qu’il ou elle va l’apprécier, mais aussi parce que c’est une façon discrète de lui dire qu’on pense à lui/elle.

Spaming de mèmes

Inspiré par la parade nuptiale des manchots, qui apportent des petits cailloux à leurs congénères préférés, le pebbling numérique consiste donc à envoyer de petites pensées amicales ou amoureuses sous la forme d’images ou de vidéos. Les plateformes sociales ont complètement intégré cette pratique dans leurs interfaces et leurs algorithmes. Sur TikTok, la fonction « partage » affiche directement les contacts les plus fréquents afin de pouvoir les spamer au maximum faciliter l’échange de manière plus fluide. Sur Instagram Reels, une fonctionnalité intégrée montre les vidéos déjà likées par vos amis, créant ainsi à votre place une forme de Pebbling industriel.

Et c’est là que se pose le problème. Alors que le partage de vidéos pouvait être considéré comme une forme de communication alternative (et apparemment prisée des neurodivergents de TikTok), il est devenu une « pratique de flux » . On scrolle sur TikTok ou Instagram, on tombe sur une vidéo marrante, on la partage sans ajouter de commentaire, puis on retourne à son scrolling.

L'angoisse du m'as-tu « vu » ?

La personne en face acceptera peut-être l’offrande avec un petit émoji cœur ou mort de rire, puis passera à autre chose. Dans certains cas, ces messages restent lettre morte, ce qui peut provoquer la même angoisse que lorsqu’un message est laissé en « vu » sans réponse. D’autres perçoivent ces tentatives de connexion émotionnelle comme une intrusion numérique non sollicitée dans leur vie. Sur Reddit, une femme explique qu’elle se sent coupable de ne pas répondre aux sollicitations de son mari et qu’elle en vient à réagir à un Reel avec un émoji sans même avoir regardé la vidéo.

En bref, si l’envoi de vidéos TikTok rigolotes est un acte plutôt positif, leur tendance à automatiser une vraie conversation risque d’aggraver ce fameux sentiment de solitude qui s’installe dans nos sociétés.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.

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