L'obélisque Twitter de la ville de Jun, lors d'une fête

L'incroyable histoire de Jun, cette petite ville qui fait halluciner Twitter

Média, réseau social... et outil de démocratie directe ? A Jun, en Andalousie, les citoyens interpellent les élus en 280 caractères, directement sur Twitter. Et ça impressionne les big boss de l'entreprise !

Vous n'avez probablement jamais entendu parler de cet homme.

Mais quand José Antonio Rodriguez Salas débarque sans rendez-vous dans les locaux de Twitter, Dick Costolo, à l'époque CEO du réseau social, pourtant occupé, lâche tout pour aller déjeuner avec lui. L'Espagnol n'est pourtant que le maire d'une petite ville d'Andalousie... mais la photo de sa commune est affichée dans le hall du siège de Twitter. Et pour cause, à Jun, sur la façade rouge brique de l’hôtel de ville, c’est le nom du compte Twitter de la mairie qui trône en grosses lettres. Plus loin, impossible de manquer l’immense obélisque surplombé du logo du réseau social au bas duquel Dick Costolo a apposé ses empreintes. Voitures de police, véhicules de services de nettoyage ou de réparation : tous affichent également le compte Twitter sur lequel ils peuvent être contactés. A Jun, finis la paperasse administrative et les longues files d’attente devant les services municipaux :  la vie publique s’organise désormais sur Twitter.

mairie de la ville de jun en espagne

Façade de la mairie de Jun

 

José Antonio Rodriguez Salas, maire de Jun depuis 2005 et technophile, a décidé de faire de sa ville un modèle de démocratie participative directe. Et pour y parvenir, c’est sur Twitter que ça se passe. Dès 2009, il se crée un compte sur le réseau social afin de communiquer directement et en temps réel avec ses administrés. Aujourd’hui, le compte de la commune totalise plus de 12 000 abonnés – pour seulement 3 500 citoyens- et celui du maire rassemble plus de 450 000 personnes.

A Washington, Donal Trump tweete pour menacer l’équilibre géopolitque mondial. A Jun, José Antonio Rodriguez Salas utilise Twitter pour créer une démocratie complètement transparente. Chacun son style. Dans la petite ville espagnole, quand un habitant fait face à un problème, un lampadaire hors d’usage par exemple, il le signale immédiatement à son élu local en 140 caractères. Le maire répond dans la foulée à son administré en taggant l’électricien qui doit se charger des réparations. Celui-ci procède au dépannage puis poste la photo du lampadaire en état de marche. Tout ça en moins de 48 heures !

trois tweets de la ville de Jun

Prendre rendez-vous avec le médecin local, signaler un problème à la police ou même consulter le menu de la cantine de ses enfants : dans la municipalité espagnole, quasiment tous les services passent par le réseau social. Certains n’hésitent pas à demander au maire de faire taire leur voisin bruyant !  Mais dans cette démocratie digitale, Twitter n’est pas seulement un outil pour se plaindre. C’est aussi l’occasion pour les employés municipaux de partager leur travail. Le balayeur de la ville, très prolifique sur Twitter, est même devenu une star locale.

A Jun, les trois quarts des citoyens sont présents sur la plateforme et peuvent interagir en direct avec les élus lors des réunions municipales, par exemple. Pour être sûre qu’elle s’adresse bien à ses propres administrés, la mairie invite les citoyens à faire vérifier leur compte à l’hôtel de ville. Une simple pièce d’identité suffit et la procédure n’est pas obligatoire pour participer à la vie de la cité. Et pour s’assurer que personne ne soit mis à l’écart, la commune dispense des cours sur l’utilisation du réseau social.

L’expérience de la municipalité hispanique a depuis attiré l’attention du monde entier. Pour tenter de percer le mystère de cette nouvelle forme de démocratie digitale, Twitter a financé une étude du MIT pour étudier son application à des villes beaucoup plus grandes. Pour Jun, l’utilisation de Twitter représente un gain de temps et d’argent - 380 000$ de coûts de fonctionnement en moins chaque année entre 2011 et 2016. Le réseau social a permis à la ville de réduire ses effectifs de police. Il n’y a plus qu’un seul officier de police – contre 4 précédemment – assisté par les tweets des 3 500 habitants. « Nous n’avons pas qu’un seul policier. Nous en avons 3 500 », a déclaré le maire. Impressionnant... Mais cela soulève quelques questions en termes de suppression d'emplois..!
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