Une famille

Famille : les nouveaux mots pour en parler

© La Famille Tenenbaums

Lazy parenting, momcations, amiparentalité... La famille change de forme, le vocabulaire aussi.

La famille nucléaire n'est plus l'alpha et l’oméga de la sphère familiale. Une transformation qui n'éradique pas la pression qui pèse sur les parents, toujours garants dans l'imaginaire collectif de l'éducation de leur progéniture, mais aussi du bien vivre-ensemble.

Amiparentalité

Ils et elles s'aiment d'amitié et décident d'avoir un enfant ensemble. Un choix qui extrait la parentalité du champ du couple, et implique la réinvention de nombreuses modalités : vie commune (ou non), répartition des charges (financières, émotionnelles, éducatives), et construction du récit familial. On parle aussi de « coparentalité platonique » ou encore de « cohabitation non conjugale » .

Pluriparentalité

Bien loin de la famille nucléaire, la pluriparentalité remet en question le modèle familial biparental, en admettant que la parentalité ne se limite pas aux rôles biologiques du père et de la mère. Cette remise en cause se traduit notamment par la multiplication de personnes s'associant à plus de deux pour fonder une famille. En attendant le « droit de la filiation commun et pluraliste » préconisé par la sociologue Irène Théry, les familles pluriparentales s’organisent comme elles le peuvent : deux papas et une maman, l'inverse, ou encore deux couples amoureux formant un quatuor de parents... Une avancée pour les uns, une commodification du rôle de parents pour les autres.

Hyperparents

Les années 90 avaient les parents hélicoptères, les années 2020 ont les hyperparents. Convaincus que le moindre de leur choix (la comptine du soir, les activités extrascolaires, le régime alimentaire...) sera déterminant pour l'avenir de leur enfant, ils ne laissent rien au hasard dans l'éducation dans leur enfant. Sur-responsabilisés et empêtrés dans des impératifs de disponibilité permanente, les hyperparents entendent avant tout optimiser toutes les facettes du développement de leur enfant. Pour s'impliquer de près dans la vie de leur gamin, les hyperparents peuvent avoir recours à de multiples applications, parmi lesquelles : Weenect pour les géolocaliser, ClassDojo et Beehive pour suivre leur apprentissage en classe. Un surinvestissement qui peut conduire jusqu'à la dépression. En 1983, les chercheurs Joseph Procaccini et Mark W. Kiefaver avancent dans Parent Burnout que le burn-out concerne aussi la cellule familiale, soumise parfois à une surcharge de stress.

Lazy parents

Officiellement, ils sont les antagonistes des hyperparents. Adeptes du mantra « Faites-en moins », préconisé par la psychologue britannique Jenna Vyas-Lee, les lazy parents adoptent une approche paresseuse (lazy) pour s'extirper d’une parentalité sacrificielle pour embrasser l’improvisation et le plaisir. Pour certains, le lazy parenting ne serait pas exempt d'injonctions à l'optimisation, puisque prendre du recul serait aussi le moyen d'autonomiser son enfant en le rendant plus flexible, adaptable et débrouillard.

Momcations

Un sondage Ifop montre que 66 % des femmes estiment en faire plus que les hommes durant les vacances en famille, notamment en termes d'organisation. Face à ce constat, a émergé la notion de momcations, néologisme formé à partir de mom (maman) et de vacations (vacances). Il s'agit donc de vacances durant lesquelles les femmes pourront faire une pause, sans enfants, sans partenaire et aucune culpabilité. « Prendre du temps dehors, pour soi, développer d’autres aspects de son identité, que simplement le fait d’être mère, ce n’est pas de la complaisance. Ce n’est pas juste du bien-être, c’est un besoin basique, celui de prendre soin de sa santé », analyse Dayna M. Kurtz, psychothérapeute, spécialiste de la santé des mères, interrogée par France Info. Capitalisme oblige, le concept donne lieu à quelques idées mercantiles. La plateforme BookYogaRetreat propose désormais des « momcations de 7 jours aux paradis », pour permettre aux mamans de « se reposer, de se ressourcer et de réfléchir. » (Pour partir au Mexique, compter environ 16 000 euros.) De son côté, Solo Escape Vacations propose des « magical momcations » à Tahiti, en précisant sur son site : « Soyons honnêtes, vous passez vos journées à vous occuper des autres. Vous êtes le cuisinier, le chauffeur, la secrétaire, l'infirmière et le comptable. Vous avez l'impression d'avoir inventé le terme "multitâche". Et si vous preniez le temps de vous concentrer sur VOUS ? » (Se concentrer sur vous une semaine coûtera plus de 9 000 euros.)

Gray divorce

Quand le divorce surgit dans la deuxième partie de la vie (disons autour de la soixantaine), on parlera désormais de gray divorce, ou divorce gris, rapporte Fortune. Si aux États-Unis les taux de divorce ont diminué au cours des 20 dernières années, ils ont augmenté pour les couples plus âgés. Actuellement, près de 40 % des personnes qui divorcent ont 50 ans ou plus. D'après le Pew Research Center, le nombre de divorces gris a doublé depuis les années 90. Chez les plus de 65 ans, le taux de divorce a triplé.

Famille multi-espèces

Les partisans de la famille multi-espèce s’enquièrent du bien-être, de la santé et des émotions – non pas de leur enfant – mais de leur animal de compagnie. « Quand on demande aux gens d’expliquer qui fait partie de leur famille choisie, il n’est pas rare que les personnes nomment un certain nombre d’animaux domestiques. Le chat, le chien, le lapin sont considérés comme des membres à part entière de la famille, notamment en raison d’un sentiment de soutien mutuel », explique la sociologue Gabrielle Richard à L'ADN. Selon l’institut d’étude Pew, la moitié des propriétaires d’animaux de compagnie considèrent en 2024 leurs animaux comme membres à part entière de leur famille, au même titre qu’un humain. « Il ne s'agit plus de propriété, mais de responsabilité. Être un "pet parent", c'est considérer son chien au même titre qu'un enfant, parce qu'on va s'enquérir de son bien-être au quotidien. Par exemple, on n'envisage pas de partir en vacances sans lui. [...] Avant, on qualifiait de "mémères à chiens" ces femmes sans enfant entourées de toutous. C'était dégradant. Il me semble qu'aujourd'hui c'est quelque chose que l'on peut davantage assumer », précise Hélène Gateau, autrice de Pourquoi j’ai choisi d’avoir un chien (et pas un enfant), à Madame Figaro.

Laure Coromines

Laure Coromines

Je parle des choses que les gens font sur Internet et dans la vraie vie. Fan de mumblecore movies, de jolies montagnes et de lolcats.

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commentaires

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  1. Avatar Anonyme dit :

    C'est une meilleure application

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