une femme qui écarte les jambes sur un banc

Sur TikTok, joue-là comme un gros macho !

Manspreading, ghosting, gaslighting : sur TikTok, des jeunes femmes raillent avec humour les comportements misogynes des mecs toxiques en reprenant leurs codes. C’est la trend #womeninmalefields.

Entourée d’une bande d’ados mâles, une jeune femme est assise sur un banc, l’air suffisant. Les jambes bien écartées dans son jogging de caillera, elle fait mine de se gratter l’entrejambe. La vidéo, qui parodie la propension des hommes au manspreading a été likée plus de 850 000 fois. Elle vient grossir le flot nourri de contenus estampillés #womeninmalefields, qui fleurissent ces jours-ci sur TikTok. L’idée ? Imiter les comportements de sexisme ordinaire, que ce soit dans la rue ou dans les relations amoureuses, pour mieux les dénoncer.

La jeune @OMEY raille ainsi ces goujats qui font mine d’être investis affectivement mais refusent toute communication constructive :   « Quand il écrit un long paragraphe expliquant ce qui va pas, mais que je réponds "je vais pas lire tout ça" ». @beccaaft annonce : « Je lui ai dit qu’on se verrait demain mais demain je vais l’ignorer toute la journée et trouver une excuse de merde ». Et Manon (@manon.mbs) assène : « Je l’ai laissé en remis pendant 1 mois pendant que je continuais à liker ses stories et être active sur mes réseaux puis suis revenue en lui disant "désolée j'suis jamais sur mon téléphone en ce moment" ».

T’as tes règles ou koi ?

En quelques semaines, le hashtag #womeninmalefields a engrangé plus de 10 millions de vues. À chaque fois, les jeunes femmes inversent les rôles, se mettant dans la peau du macho de base, celui qui manipule et rabaisse, celui qui estime « qu’une femme qui a un gros bodycount est une traînée » (alors qu’un homme qui a couché avec plein de meufs est un bourreau des cœurs, cela va sans dire). Certaines rêvent même de pratiquer le harcèlement de rue au niveau olympique de leurs homologues masculins, à l’image de @dairingtia, qui balance : « Dire à un mec random dans la rue "bah alors, ça sourit pas ? ? C’est quand même plus beau un homme quand ça sourit ! " ».

D’autres, comme la chanteuse Fleur Copin @fleurcopin, se demandent « si le gars à qui elle a demandé pourquoi il ne souriait pas avait ses règles ou quoi ? ! » Une manière humoristique de dénoncer la misogynie crasse et décomplexée de certains. Piqués au vif, certains mecs tentent de renverser la tendance, invoquant sous le hashtag #meninwomenfields les comportements jugés victimaires des femmes, ces viles punaises.

@fleurcopin

#womeninmalefileds « arrête de faire la gueule souris un peu.. »

♬ Anaconda - Nicki Minaj

Une génération irréconciliable ?

Et si la guerre des sexes était déclarée sur les réseaux ? Il semble en tout cas que, dans ce monde post #MeToo, garçons et filles de la GenZ soient de plus en plus irréconciliables. Un récent sondage de l’institut Gallup (cité par le Financial Times début 2024) révélait ainsi que l’écart se creusait drastiquement entre jeunes femmes et jeunes hommes – les premières s’affirmant comme de plus en plus progressistes tandis que les deuxièmes semblaient s’arc-bouter sur des valeurs jugées plus conservatrices. En ces temps trumpistes, les masculinistes ont le vent en poupe – et ce n’est pas Nick Fuentes, l’auteur de la désormais tristement célèbre saillie « Your body, my choice » , qui dira le contraire.

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