Des captures de comptes horrifiques

Quatre vidéos et un jeu pour frissonner durant Halloween

Une grand-mère flippante sur TikTok, des pranks qui tournent mal, des centres commerciaux hantés ou une maison pleine de secrets. Découvrez les pépites horrifiques du Web.

La fin du mois d’octobre et l’arrivée imminente d’Halloween sont toujours le bon moment pour se plonger dans une bonne production horrifique. L’ADN vous propose donc une sélection de comptes, de films, de vidéos YouTube, et même de jeux vidéo accessibles gratuitement et qui détonnent par leur manière de retourner les formats et les tropes habituels du genre.

Milk & Serial : le côté obscur du prank

On a tendance à l’oublier, mais YouTube n’est pas seulement une machine à produire des vidéos d’influenceurs. La plateforme a su garder son statut de « salle de cinéma de genre et expérimental » et donne de la visibilité à des moyens et courts métrages horrifiques et stupéfiants. C’est le cas de Milk & Serial, une pépite de found footage (un genre inspiré des codes du Projet Blair Witch) qui met en scène deux amis alimentant une chaîne YouTube en se faisant des pranks de plus en plus élaborés et angoissants. Seul problème : l’un des membres du duo est un véritable psychopathe sans aucune limite. Le tout est réalisé par Curry Barker, véritable « trogne » de YouTube, qui anime, avec son inséparable acteur et producteur Cooper Tomlinson, la chaîne That's a bad idea. Leurs productions oscillent constamment entre humour malaisant, comédie noire et surréalisme angoissant, un cocktail qui tape pile-poil dans les obsessions de la génération Z.

Kalley Last Review : Skincare horror

Depuis 2018, la chaîne YouTube Alter propose gratuitement de très bons courts métrages horrifiques, avec pour objectif affiché de lancer de jeunes réalisateurs talentueux. La chaîne est elle-même tenue par le studio indépendant Gunpowder & Sky, fondé par Van Toffler (ancien PDG de Viacom Media Networks Music Group) et qui gère aussi la plateforme de streaming spécialisée dans la science-fiction DUST. Chaque petit film posté sur la chaîne mériterait une chronique, mais comme on est sur L’ADN, je vous recommande tout particulièrement Kalley Last Review, une vidéo qui reprend avec délice tous les codes du vlog beauté avec l’essai d’un nouveau kit de peeling chimique censé renouveler la peau du visage. Je vous laisse découvrir le résultat final.

Bammy Trothers : la vallée de l’étrange de TikTok

Vous vous souvenez de cette scène extrêmement perturbante où une vieille dame à moitié décomposée sort de la baignoire dans le film Shining et commence à poursuivre Jack Nicholson ? Eh bien, le compte TikTok de Bammy Trothers procure généralement le même sentiment d’effroi. À mi-chemin entre une ambiance poisseuse et un rêve fiévreux et surréaliste, Bammy raconte des blagues, met en scène une lobotomie et termine bien souvent ses vidéos dans de longs travellings où elle fixe la caméra de manière bien trop intense pour laisser les viewers à l’aise.

The Oldest View : souvenir liminal

S’il ne devait rester qu’un seul créateur/réalisateur horrifique sur le Web, il s’agirait sans doute de Kane Parson, alias Kane Pixel. Ce petit génie de 19 ans avait déjà marqué le coup en 2022 en sortant toute une série de vidéos en found footage dans l’univers des backrooms, dont le dernier épisode, sorti en septembre dernier, confirme qu’il est le maître de ce sous-genre particulier. Entre-temps, il a de nouveau fait l’actualité des amateurs d’horreur en sortant en 2024 la série The Oldest View, dont voici le pitch : un jeune homme fan de botanique explore une zone de forêt privative et tombe sur un trou situé au pied d’un grand arbre. Dans ce trou, se trouve un interminable escalier éclairé par des lampes qui s’enfonce dans la terre. Au bout de cet escalier, une porte inquiétante s’ouvre sur ce qui semble être un centre commercial abandonné, hanté par une présence inquiétante. Je ne vous en dis pas plus : il faut découvrir ce chef-d’œuvre du Web sans trop être spoilé. Mais une fois votre visionnage terminé, n’hésitez pas à aller faire un tour sur la vidéo du youtubeur Feldup, qui consacre une passionnante et complexe analyse du scénario, explorant des thèmes comme l’impermanence, le souvenir et l’oubli.

MyHouse.WAD : la maison des feuilles 2.0

On termine cette sélection par un contenu un brin exigeant d’un point de vue technique, puisqu’il s’agit d’un jeu vidéo et plus précisément d’un mod (c’est-à-dire une extension créée par un fan) du vénérable jeu Doom. Posté sur un forum spécialisé par un créateur anonyme, MyHouse.WAD est une carte représentant une maison ; plus précisément, la maison de son meilleur ami récemment décédé. En lisant le post de présentation ainsi que le document retraçant toute la création de ce niveau, on comprend qu’il s’agit d’un projet que le duo avait commencé sans jamais l’achever lorsqu’ils étaient adolescents et que le résultat final est un hommage à cette amitié passée. Seulement voilà, cette finalisation ne s’est pas déroulée normalement. Le créateur a été pris de violents cauchemars tandis que la carte semblait prendre vie, s’auto-compléter d’elle-même, comme si elle était hantée. Quand on lance le jeu, l’expérience est encore plus troublante : l’espace semble changer, les placards s’ouvrent sur d’inquiétants tunnels, mais aussi sur des espaces impossibles, comme une plage ou un aéroport. Ce mod est d’ailleurs bien plus qu’un simple niveau dans Doom II ; c’est une expérience immersive où les joueurs vivent un mystère aux allures de puzzle et de cauchemar. Comme dans un roman d’horreur, vous devez décoder des indices et explorer des zones étranges pour comprendre l’histoire, inspirée par le roman La Maison des feuilles, qui explore lui-même des thèmes d’espaces illogiques et de maisons « vivantes ».

Si toute l’installation technique de ce jeu vous fait peur, vous pouvez toutefois profiter de l’expérience en regardant l’excellente vidéo de Power Pack, qui résume très bien l’histoire et vous immerge dans cette ambiance si particulière.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.

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