Le GéantGaulois

La France tu l’aimes et tu la portes : qui sont les nouveaux vidéastes à béret ?

Béret, moustache et bretelles… Sur les réseaux sociaux, de nombreux vidéastes adoptent le style franchouillard pour incarner un retour aux traditions et à une certaine élégance.

Gueuleton des bons vivants, béret et moustache, Les moustachus en vadrouille, Le Grand Gaulois, Parlons franc... Quelques moustachus autour d’un barbecue, armés d’une bonne barbaque et de bouteilles de vin. L’image semble un peu clichée, sortie de ce qu’un Américain se représenterait de la France. Pourtant, le style « franchouillard » semble séduire de plus en plus sur les réseaux sociaux. L’uniforme adopté est simple : un béret plat et de larges bretelles.

L’image de la France des campagnes

Parmi la dizaine de comptes de vidéastes à béret repérés, la plupart prônent un retour au terroir et aux traditions. Leur idée ? Aller à la rencontre des paysans et redorer l’image d’une France oubliée. Celle des campagnes.

C’est le cas de Tim Martin, alias Le Grand Gaulois. Dans ses vidéos, il propose des recettes ancestrales et part sur la trace des produits du terroir. La problématique séduit, puisqu’en seulement un an, le vidéaste a gagné plus de 330 000 abonnés sur Instagram.

Pourtant, il le reconnaît lui-même. « Le mot terroir est un mot fourre-tout. Sa force, c’est que tout le monde sait de quoi ça parle. » Il en est de même pour son style : le fameux béret et la paire de bretelles qui ramènent à une image d'une France vintage. « Même si je m’habille comme ça tous les jours, ce style joue vraiment sur le côté authentique et c’est ce qui plaît sur les réseaux sociaux », souligne Tim Martin.

Des nostalgiques de l’élégance

Loin des campagnes, le triptyque béret-bretelles-moustache est également remis au goût du jour par les amateurs de l’élégance, ceux qui se définissent comme des « sartoraliens ». Un style défini par le site masculin.com comme « le dandy moderne ». Vincent Betis, suivi par 30 800 abonnés sur Instagram, se décrit davantage comme un « chevalier ». Petite moustache taillée et coupe bien soignée, ce responsable de magasin de costumes définit la chevalerie par « le beau, le bien et le vrai ».

Lui aussi puise son esthétisme dans la « vieille France ». « Un costume pour l’homme, une robe pour la femme. L’élégance sans le vulgaire », nous décrit le vidéaste. Selon lui, ce « retour à la chevalerie » dépasse largement le style. « C’est mental aussi. Ça va également passer dans la manière de se comporter en société, de favoriser la politesse. »

« Saddam en mettait un »

Ce retour à une masculinité traditionnelle semble séduire les plus conservateurs, à commencer par Papacito et Raptor, deux influenceurs d’extrême droite. Dans une série de vidéos, publiées depuis le mois de novembre, les deux vidéastes aux idées masculinistes adoptent allègrement le style franchouillard. Raptor en bretelles, Papacito en gavroche.

Dans une vidéo publiée en 2021, Papacito justifiait même son port du béret : « Ça n’a vraiment absolument aucune utilité. C’est juste que Saddam (Hussein) en mettait un et je trouve ça mega stylé. » De quoi faire réagir Mathieu Burgalassi, anthropologue spécialisé dans la pensée politique : « Papacito est un bandeur de criminels de guerre et il veut s’habiller comme eux. »

Le style vestimentaire est une question importante pour ces influenceurs virilistes, comme le soulignait le même Papacito dans une interview accordée à Ring. « Rappelle-toi d’avoir du style. Arrête de foutre des polaires, achète des vrais vêtements. Il faut que les gens comprennent que c’est par le style vestimentaire qu’on va revenir à une estime de soi. »

Une réaction au style féminisé des hommes ?

Pas étonnant qu’une des figures réutilisées par les masculinistes, le personnage de Thomas Shelby dans la série Peaky Blinders, adopte les codes vestimentaires de l’élégance traditionnelle masculine : costume trois-pièces en tweed, montre de poche et casquette plate. Un symbole de la « crise de la masculinité », réagit Lou Delbarre, autrice d’un mémoire sur La Représentation des masculinités dans les séries TV, dans une interview accordée au média Tapage. « Les privilèges masculins sont remis en question, alors ils pensent qu’il faut réaffirmer les codes virilistes. »

Et le premier pas est celui de l’apparence, comme l’indique François Hourmant, chercheur en science politique à l’université d’Angers et auteur de L’étoffe des contestataires, aux éditions PUF. « Le vêtement n’est jamais complètement neutre. Il signe une appartenance de classe ou à certains groupes. On est entre la conformation et la contestation. »

Ici l’esthétisme franchouillard rassure les « hommes traditionnels » … Tout en rejetant le style « gender fluid » à la Paul Mescal ou Timothée Chalamet qui préfèrent – parfois – les matières plus féminines comme la soie, les couleurs vives et les colliers de perles. Une contre-offensive qui n’étonne pas Vincent Betis, notre amateur de chevalerie. « La sphère de Papacito prône un retour aux traditions et au classique. Ça symbolise la virilité et donc ça leur correspond bien. »

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