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Monstres, phénomènes paranormaux... Passez du côté obscur de TikTok

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Une communauté croissante d’utilisateurs revisite le registre de l’épouvante, smartphone au poing, à la manière de films d’horreur en vue subjective. De quoi nous faire regretter les challenges bon enfant qui ont fait la renommée de la plateforme. 

Dans les tréfonds de TikTok, à des années-lumière des challenges de couple et des danses énergiques entre copains-copines, un monde peuplé de créatures sinistres se développe à l’écart des utilisateurs les plus sensibles. 

#HorrorTikTok, #CursedTikTok, #GhostTikTok, #CreepyTikTok, #ScaryTikTok… Un large éventail de sous-catégories de l’horreur a vu le jour sur la plateforme, lesquelles cumulent aujourd’hui plus de 11 milliards de vues, selon une récente estimation du média Mashable

De l’horreur au format « snack »

Fantômes et maisons hantées, costumes et maquillages aussi effrayants qu’artistiques, phénomènes paranormaux capturés de manière faussement accidentelle… On y retrouve les ficelles classiques du genre de l’horreur, à peu de chose près : ces dernières sont présentées en sagas de vidéos ultracourtes, impactantes et efficaces. Certains utilisateurs se prêtent au jeu une fois de temps en temps, tandis que d'autres comptes fournissent un effort de narration et de mise en scène plus régulier. 

C’est notamment le cas d’un certain Alexander Nielsen qui, depuis octobre 2019, chronique les évènements paranormaux survenant dans une ville où les habitants ont été remplacés par d'inquiétantes présences fantomatiques. Son compte, where_is_everybody, cumule plus de 500 000 abonnés.

@where_is_everybody

I drove out of town as you all wanted, the houses and buildings as I got further looked creepier and older. I’m headed back to Rockbrook.

♬ original sound - Alexander Nielsen

Plus loin, Frankies Frights, alias @frankiesfearfactory, se met en scène au travers de maquillages sanglants et de vidéos aux propos aussi incohérents qu’inquiétants.

Sur le compte @paranormalvidz, ce sont cette fois des prises de vues étranges qui semblent avoir été capturées par une caméra de surveillance que l’on scrolle avec avidité, même en n'y croyant qu’à moitié. 

Un condensé efficace de l’horreur sur Internet

Comme à la télé ou devant un film d’horreur, le phénomène donne au spectateur le sentiment d’être à l’abri derrière son smartphone. Le fait que certains de ces contenus jouent sur l’incertitude quant à leur véracité, participe aussi à en renforcer les effets. 

« C’est l’idée du feu de camp et de la légende urbaine numérique, rapporte Jessica Maddox, professeure et spécialiste des médias à Mashable. “Est-ce vrai ? Est-ce faux ? J’ai déjà entendu cette histoire par un tel ou un tel”, ou, “je connais une personne à qui c’est arrivé dans une autre ville.” »

La crise sanitaire pourrait avoir accéléré l’engouement pour ce genre de contenu. « La pandémie, c’est déjà un peu comme un fantôme qui nous hante, décrypte la spécialiste, et comme toutes les bonnes histoires d’horreur, cette tendance TikTok nous donne un sentiment de contrôle sur un objet qui nous effraye, mais sur lequel nous n'avons pas de contrôle dans nos vraies vies. »

Margaux Dussert

Diplômée en marketing et publicité à l’ISCOM après une Hypokhâgne, Margaux Dussert a rejoint L’ADN en 2017. Elle est en charge des sujets liés à la culture et la créativité.

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