Des pop stars entièrement numériques qui vous vendent leurs chansons en format NFT... Les fondateurs de Hume nous racontent comment ils voient le futur de la musique. Rencontre.
Depuis le concert de Travis Sott sur Fortnite, on le savait : la musique fera partie intégrante du métavers. En 2021, un premier label natif du Web3 est né. Hume est porté par un duo : Jay Stolar, chanteur mais aussi compositeur pour des stars tels que Selena Gomez, Aloe Blacc ou John Legend, et David Beiner, formé à la stratégie média et à la blockchain.
Hume veut être à la fois un label et un studio de création. Objectif : développer ce qu’ils appellent les « métastars », c’est-à-dire des stars numériques destinées à sévir dans le métavers. Une entreprise qui se définit comme full Web3 et dont l’ambition est de redéfinir l’expérience de la musique du côté des fans, et la définition de l'artiste, en proposant des avatars numériques. Leur première métastar s'appelle angelbaby. C'est un immense lapin à fourrure léopard qui chante et danse comme n'importe quel pop star...
NFT, et marketing communautaire : un modèle de studio
Comme toute entreprise de Web3, Hume ne se contentera pas de vendre de simples albums. L'entreprise de divertissement propose des NFT qui donnent des droits particuliers à son propriétaire. Les détenteurs du tout premier NFT, le Hume Genesis, ont ainsi pu choisir entre deux morceaux pour la deuxième sortie du label. Ce sera le titre All Gold Spaceship, attaché à un NFT limité à 300 éditions, et proposé à 0,5 ETH chacun (environ 625 euros). Tous ont été vendus.
Ce second morceau d'angelbaby, aux sonorités pop électroniques, qui n'a été accessible que via NFT une semaine durant, est désormais disponible sur Audius et YouTube. Le tout premier morceau, intitulé NFT pour No Fucks Tonight, est également disponible sur YouTube. Des canaux traditionnels pour toucher le plus de monde possible, explique Jay Stolar. « Notre but est de faire naître la première métastar. Que partout dans le monde, sur tous les continents et dans tous les pays, on l’adore comme on peut aimer Drake, Billie Eilish ou Beyoncé. »
Une sorte de Pixar avec de la musique et du Web3 dedans
Mais pour créer la communauté des fans d'angelbaby, lui donner un peu de profondeur, il faut un storytelling solide. C’est là que cleo, l’amour perdu d'angelbaby et la tyrannique République de Xani entrent en scène. Le pitch est peu commun. angelbaby, piercing dans le nez, air un peu badass nous viendrait du futur, des années 3045. À son époque, la liberté de création n’existe plus, mise au tapis par la censure et le contrôle tyrannique de la République de Xani. Voyageur du futur, il s’est échappé de son régime, grâce au sacrifice de cleo, pour combattre la prise de pouvoir des oppresseurs, avec l’aide d’un collectif, baptisé Hume.
« Nous regardions les différents types d’artistes virtuels de ces dernières années et ce qui, selon nous, les empêchait d’atteindre un succès global, est le manque d’authenticité et d’une histoire, explique Jay Stolar. Imaginez que vous êtes un grand fan de Justin Bieber et que vous allez à son concert. Même sans y penser, vous savez qu’il est devenu célèbre sur Internet, qu’il est marié à la mannequin Hailey Bieber, qu’il a vécu tel ou tel scandale. Toutes ces informations vous connectent à l’artiste. Il est essentiel d’avoir cette même expérience avec les métastars. »
Tous les autres artistes développés par le studio de création Hume s’inscriront dans cet univers, pour former « une histoire extensive qui continue de grandir comme certaines des meilleures histoires de notre temps », illustre Jay Stolar, qui cite Star Wars, l’univers Marvel, Harry Potter ou encore Le Seigneur des Anneaux.
Et la musique sera mi-virtuelle, mi-réelle...
Si l’histoire d'angelbaby, de cleo et de la République de Xani vous paraît loufoque, Hume a pourtant convaincu les investisseurs. En septembre dernier, le studio récoltait lors d’un premier tour de table 11,7 millions de dollars, soit environ 11,3 millions d’euros. Le collectif a aussi séduit les publics les plus férus d’expérimentations technologiques avec deux shows donnés à Art Basel et South by Southwest. « C’était incroyable. C’était la première fois qu’un lapin en fourrure de deux mètres, beau gosse et charmant, montait sur scène, synchronisé, avec des lumières et des fumées. »
Une étape importante, estime Jay Stolar, mais encore loin du potentiel envisagé par les concepteurs. « À un moment, quelqu’un va résoudre le problème de la réalité augmentée. On pourra alors regarder la performance en étant immergé dans un combat avec la République de Xani. On arrivera à faire le pont entre la musique, les expériences virtuelles et celles en réalité augmentée. Et puis, on pourra – au milieu du show – minter un NFT pour choisir le prochain morceau qu'angelbaby jouera. Ce ne sont que des idées, mais le potentiel est énorme. »
Le directeur créatif croit également que bientôt, tous les artistes auront une version avatar d’eux-mêmes pour étendre leur univers dans le métavers. « Les performances et expériences d’aujourd’hui sont des portails et des moments catalyseurs pour que les gens se familiarisent avec ce qui deviendra un jour la norme », conclut-il.
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