Les collages de l’artiste @ugurgallen prennent aux tripes. Chacun incarne une réalité double : la nôtre, préservée... et celle des autres, qu'on ne voit que de loin, dans les médias.
Avant l’ouverture du Forum de Davos qui a lieu jusqu’au 25 janvier 2019, l’ONG Oxfam publiait un rapport sur les inégalités de richesse dans le monde. Selon l’organisme, les 26 milliardaires les plus riches du monde détiendraient autant que les 3,8 milliards personnes les plus pauvres. Un constat vertigineux.
C'est de ce contexte que s'inspire l'artiste turc Uğur Gallenkuş (@ugurgallen). Particulièrement sensible aux événements géopolitiques de ces 10 dernières années, l'homme utilise son temps libre pour réaliser des photomontages qui rendent compte du quotidien de pays instables ou en guerre. Initialement intéressé par les événements notoires de son pays (il y a eu de quoi faire entre l'élection de Recep Tayyip Erdoğan en 2014 et la tentative de coup d'État de 2016), il tente aujourd'hui de rendre compte des disparités qui touchent les pays frontaliers de la Turquie et partout ailleurs dans le monde.
Réalité (instantanée) d'un monde divisé
Une image de mannequins en file indienne accolée à une ligne infinie de réfugiés, la photo d'un enfant soldat, mitraillette en main, collée sur celle d'un guitariste, la Statue de la Liberté dont le flambeau est remplacé par une arme... Les images parlent d'elles-mêmes, sont d'une violence rare et montrent l'incohérence de notre monde.
« Pendant des décennies, des dizaines de guerres et de conflits se sont succédés en Amérique du Sud, au Moyen-Orient, en Asie et en Afrique, nous raconte l'artiste. Nous en avons vu les images dans des livres, les magazines et à la télévision. Nous voyons la guerre sévir chez nos voisins. La Turquie est devenue la voie de transit et la destination de millions de réfugiés - syriens, irakiens, afghans - qui tentent de s’installer en Europe pour trouver la paix et une vie meilleure. Un matin, en traversant la mer Égée, j'ai vu la photo d'un enfant noyé, comme des milliers d'autres personnes. C'est à ce moment que j'ai décidé de faire évoluer mon travail dans ce sens ».
En naviguant sur Internet, l'artiste repère les images qui le frappent, puis les juxtapose.
Son but ? Réveiller les consciences et rappeler aux pays les plus riches que vivre en paix et avec un bon niveau de vie ne devrait jamais être pris pour acquis, que « la douleur, la faim et la guerre » façonnent encore le quotidien de millions de personnes dans le monde. Il conclut : « nous ne sommes pas ceux qui souffrent aujourd'hui. Mais demain, rien ne garantit que ce ne sera pas notre tour ».
La réalisation est poignante...le message aussi !