Nouvelle exposition immersive de la Gaîté Lyrique, « Faire corps » est une invitation au voyage et à la douceur. Loin d’abuser d’artifices numériques, elle plonge les spectateurs dans un état méditatif et fait onduler les corps entre flux de lumière, espaces vides et zones d’ombre.
« Vous allez entrer dans un écosystème, un monde avec lequel entrer en relation, annonce Claire Bardainne aux côtés de son partenaire, Adrien Mondot. Cette exposition est un paysage où le trajet du corps trace comme un trait de lumière blanche sur une page noire. C’est l’expérience, chers spectateurs, de dessiner avec un geste ou bien de danser, sans vous en rendre compte. »
À la Gaîté Lyrique, les deux artistes français (Adrien M & Claire B) présentaient leur dernière exposition immersive, « Faire corps ». Sorte de fresque onirique et sensorielle, elle propose un parcours truffé de terrains de jeu numériques, lequel évolue au contact des spectateurs.
Un parcours contemplatif
La visite est libre et alterne entre effets d’opacité et de transparence. Ici, on évolue pieds nus, guidés par les lumières, dans une ambiance vaporeuse et feutrée. Les dispositifs numériques (vidéoprojecteurs, capteurs…) sont bien présents, mais presque invisibles.
« Ils ne sont jamais une fin en soit, explique Claire. Le parcours offre la sensation d’une présence, la possibilité d’explorer notre rapport à l’espace, aux autres ou de nouvelles postures. Il invite à se laisser glisser dans un état contemplatif, à se laisser bercer par la musique aussi. »
C’est le cas de le dire, on s’y sent comme dans un cocon, surtout dans la première salle où une gigantesque structure de métal froissé surplombe les visiteurs et balaye la pièce de paillettes lumineuses. Plus loin, un écran déformant, une « anamorphose temporelle », apprend-on, suspend le temps de manière à distordre nos corps et devient rapidement la star du parcours.
Représenter les forces de la nature
Depuis 2011, à la manière de marionnettistes, les deux artistes fabriquent et animent leurs installations comme des « organismes vivants ». Et comme dans beaucoup de parcours immersifs, la représentation de la nature n’est jamais très loin. Sous des cloches de verre, des compositions font l’analogie entre des illusions d’optique et des éléments évoquant la nature. À quelques mètres, une rivière créée par ordinateur semble s’écouler paisiblement avant qu’une poignée de visiteurs n’en troublent le cours.
« Dissimulée et renouant avec la nature, l’informatique occupe une place à part : elle n’est pas une matière mais une force qui circule, irrigue et agit à distance, expliquent les artistes. Elle se transforme en lumières, en sons, en flux et révèle les interrelations constantes de ce tout, organique et animiste, dans lequel nous vivons. » Une expérience d’une grande douceur donc et « autant de petits rituels magiques qui réunissent le corps, l’image et l’imaginaire », conclura Claire.
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