Que la réalité virtuelle démocratise l’accès à la culture est une chose. Qu’elle la rende moins soporifique et plus poétique en est une autre ! À Arles, le festival de la VR en fait la démonstration avec le documentaire « Un Bar aux Folies Bergère » de Gabrielle Lissot.
Une description sommaire accolée à un tableau de maître ne suffit plus. On en veut plus, connaître le peintre intimement, ses amours, ses amis, pour ne pas dire ses emmerdes, se confronter au contexte au sein duquel il a vécu, la raison pour laquelle il a peint à un moment T. Mais ce que l’on pouvait lire jusqu’à présent dans un musée ne pouvait être nécessairement vécu, si ce n’est en l’imaginant très fort où grâce aux talents de conteur d’un professeur d’histoire (ou d'un bon guide). À l’heure où les technologies immersives se multiplient et proposent de nouvelles façons d’appréhender une œuvre, la donne est en train de changer.
Au VR Arles Festival, où 17 créations en réalité virtuelle sont mis à disposition des festivaliers jusqu’au 26 août, un film illustre particulièrement bien la tendance. Il dure pourtant à peine plus de 6 minutes. Immersion en quatre actes dans le célèbre tableau de Manet du même nom, le documentaire VR « Un Bar aux Folies Bergère » (co-production Arte et IKO) nous plonge non seulement dans l’œuvre mais aussi dans l’effervescence des fêtes parisiennes du XIXème siècle. Le tableau met en scène Suzon, une jeune serveuse aux yeux tristes ayant réellement travaillé aux Folies Bergère. Tour à tour, on adopte son point de vue, celui du client qui se trouve en face d’elle, du peintre lui-même ou encore celui d’un simple spectateur.
Tout au long du film, un leitmotiv résonne : qui est Suzon ? À quoi pense-t-elle ? Qui sont ces gens qui dansent et rient autour ? Est-ce qu’elle se sent seule ? A-t-elle peut d’être oubliée, elle aussi, à l’image de ceux qu’elle sert mais qui ne la voient pas ? En se retournant, casque sur la tête, on aperçoit notre reflet dans le miroir, ou plutôt celui de Suzon, ce même miroir figurant dans le tableau et qui a fait s’arracher les cheveux à de nombreux critiques pour ses inexactitudes en matière de représentation des reflets. Tout est fait pour que le spectateur s’identifie au personnage et s’empare de son histoire. Un lien d’empathie se crée naturellement, et ça fonctionne : en VR, l’œuvre devient mémorable.
[…] Art Newspaper, 10/07/2018), « How museums embraced digital art » (Financial Times, 17/08/2018). « Rendre la culture moins barbante… un job pour la VR ? » (ADN, 06/07/2018), « L’art digital, […]
Je ne savais pas que la culture était soporifique. D'ailleurs, de quelle culture s'agit-il exactement, le domaine en est vaste. Cela dit, si elle l'est vraiment, si vous pouvez le démontrer, vous devriez faire des insomniaques un marché à exploiter culturellement ; ça vous occuperait.