une personnage de minecraft dans une position suggestive

Sur YouTube Kids, des vidéos Minecraft fétichistes attirent les enfants

© FinAntidote via YouTube

Vous pensiez que YouTube avait fait le ménage sur le contenu pour enfants après l’épisode du Elsagate ? Il n’en est rien.

« Steve, tu dois m’aider, je suis coincée. » Coincée dans une barrière en bois, Alex, une jeune femme au décolleté plongeant, appelle son copain à l’aide, copain qui arrive par-derrière à la vitesse de l’éclair. Non, ceci n’est pas un début de film porno, même si le clin d’œil est clairement assumé. Il s’agit d’une animation très courte, réalisée avec des personnages au design du jeu vidéo Minecraft, diffusée dans la catégorie Shorts de YouTube. Et des petits sketchs fétichistes comme celui-là, la plateforme en regorge. Steve qui mate discrètement Alex en train de se changer dans une cabine d’essayage, ou bien Alex nue et crucifiée, forcée de manger des excréments. Et ça ne s’arrête pas là. Dans les vidéos en format long, les personnages Minecraft populaires sur la plateforme se font enterrer vivants ou tirer dans la tête à bout portant, tandis que tous les personnages féminins arborent de larges poitrines qui ne sont pourtant pas incluses dans le jeu originel. Et le tout génère des centaines de millions de vues sur YouTube et son application dédiée aux plus jeunes, YouTube Kids.

De l’importance de Minecraft

Commençons cet article par un peu de contexte : le YouTube que vous scrollez actuellement n’existerait pas sous cette forme sans le jeu vidéo Minecraft. Écoulé à plus de 300 millions d’exemplaires depuis sa sortie en 2009, le jeu de construction et d’aventure se déroulant dans un monde fait de cubes est un monument incontournable de la culture Web des enfants. Sur YouTube, il s’agit de la catégorie de vidéos la plus regardée au monde avec plus d'un billion (mille milliards) de vues en 11 ans. En plus des nombreux tutoriels donnant des conseils de jeu, les créateurs de contenu ont utilisé la plateforme comme une scène virtuelle au sein de laquelle ils peuvent s’adonner à des jeux de rôles à plusieurs. Regroupées sous la catégorie des SMP pour « survival multiplayer », ces parties filmées au sein d'un serveur vont donner naissance à des webséries pouvant durer plusieurs mois, voire plusieurs années. C'est par exemple le cas d'Hermitcraft, un serveur démarré en 2012 et qui a connu une dizaine de saisons, dont la dernière est en cours actuellement.

Fake news pour enfants

Extrêmement populaire, encore aujourd’hui, cette catégorie de vidéos a donné naissance à des personnages cultes pour les enfants de YouTube. Alex et Steve, qui sont les personnages basiques incarnés par les joueurs par exemple, sont devenus les personnages récurrents de la sympathique chaîne Squared Media, qui est suivie par plus de 11 millions d’abonnés.

Avides de ces vues, des petits malins décident donc de surfer sur la popularité de ces icônes en les mettant en scène dans des vidéos subversives et fétichistes. Ces dernières attirent les clics des enfants curieux grâce à des miniatures très subjectives ou vulgaires, tout en restant dans les limites imposées par la plateforme pour ne pas être supprimées. Même si elles sont moins populaires que les webséries Minecraft plébiscitées par les jeunes, ces vidéos réalisent de très bons scores d’audience en exploitant l’algorithme de recommandation des vidéos Shorts. Comme l’indique le youtubeur CalebIsSalty, qui a consacré deux vidéos à ce sujet, il suffit de taper « Minecraft animation » dans cette section de la plateforme pour tomber très facilement sur du contenu pouvant être qualifié de porno soft.

L’Elsagate n’a jamais fini

Cette problématique de contenu contrefait et vulgaire poussé auprès des enfants pour faire des vues n’est pas nouvelle sur YouTube. Dans les années 2016 et 2017, la plateforme avait connu l’épisode de l’Elsagate, durant lequel des milliers de vidéos mettant en scène de manière malsaine les personnages d’Elsa de La Reine des neiges, Spiderman ou Le Joker avaient fait scandale. YouTube avait alors été obligé de faire une purge parmi les créateurs de contenu les plus problématiques. Peut-être que l’exercice mériterait d’être renouvelé.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.

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