À quoi ressemblent les dessous de YouTube ? C'est à cette question que répond Vincent Manilève dans son ouvrage « YouTube derrière les écrans ». Loin du succès et de l'argent facile se cache un univers de bosseurs invétérés et de pièges impitoyables.
« La figure du Youtubeur, telle qu’elle a été construite par la société et les médias, laisse croire aux jeunes qu’ils peuvent atteindre célébrité et richesse en quelques clics, le tout sans forcément sortir de leur chambre. » Dans son ouvrage YouTube derrière les écrans, publié chez Lemieux Éditeur, Vincent Manilève livre les résultats de son enquête - fouillée - sur le milieu des vidéastes du Web. Loin d’une avalanche de pouces bleus facile, les obstacles et les pièges sont nombreux pour ceux qui veulent sortir leur épingle du jeu.
Le cliché de l’inconnu « qui, par hasard a décidé un jour de se filmer pour partager sa passion, sa vie, son talent et a rassemblé autour de lui des centaines de milliers d’abonnés » n’est qu’une « belle histoire, celle qu’on aime raconter sur les plateaux de télévision ou dans un draw my life, ce format de vidéo où un créateur dessine son parcours sur fond de ukulélé ». La vérité ? Derrière les quelques personnalités qui cartonnent, comme Norman, Natoo ou Cyprien, des milliers d’autres galèrent.
Le YouTuber bosse
Il suffirait de ne pas décoller de son canapé pour récolter des millions de vues. Faux et archi faux chantent en coeur les influenceurs. Quand certains mettent une journée pour écrire, filmer et monter une vidéo, d’autres peuvent y passer plusieurs mois. Comme Florence Porcel qui vérifie minutieusement chacune de ses infos et de ses sources, parfois même plus que les animateurs vedettes selon la YouTubeuse. Car produire du contenu différent demande du temps, de l’énergie et du travail. Bref, ça bosse chez les YouTubeurs ! Par ailleurs, il faut aussi savoir multiplier ses chances de voir son travail porter ses fruits. « Ma vie, c’est dix projets lancés et un seul qui marche » explique Baptiste Lorber, comédien et auteur pour le Studio Bagel, à Vincent Manilève.
YouTube coûte avant de rapporter
Oui, on peut se filmer de sa chambre mais il faut investir, a minima, une caméra ou un réflexe, un micro et un logiciel de montage, comme Adobe Première. Un investissement qui peut en rebuter plus d’un, d’entrée de jeu. Pour faire baisser les coûts, un papa a trouvé une parade surprenante. Laurent Aniorte, 46 ans et créateur de la chaîne Music Antik a mutualisé les dépenses avec ses trois enfants de 11, 14 et 16 ans, eux aussi YouTubeurs. « On a investi collectivement dans le matériel. Ils ont économisé l’argent de leur anniversaire pour qu’on achète ensemble du super matériel. »
Se lancer dans la vidéo demande aussi des compétences techniques. Jean Massiet, de la chaîne de vulgarisation politique Accropolis, avoue avoir « bouffé du tuto à mort, parfois en anglais, en russe » et avoir passé un été entier à se former « avant de mettre en ligne sa première vidéo, consacrée à la rentrée parlementaire ».
YouTube France met à disposition « un (petit) Disneyland pour YouTubeurs » (comprenez un studio et de l’accompagnement). Mais ce petit paradis a un prix : il faut déjà avoir 1 000 abonnés pour participer aux ateliers, et 10 000 abonnés pour bénéficier de deux jours de tournage par mois et trois de montage.
Biais de genre
Pierre Lapin, co-créateur de la chaîne Le Club, entretient une relation de « hate-watching » - comprenez complexe - avec la page « Tendances » de YouTube. C’est là qu’apparaissent les vidéos qui marchent le mieux et suscitent le plus de vues ou de réactions. Problème : entre les vidéos à titres racoleurs ou les gags faussement orchestrés se cachent aussi un problème plus grave, celui du biais de genre. Les femmes y apparaissent rarement et, sauf quelques exceptions, elles ont aussi beaucoup de mal pour percer sur la plateforme. Un problème bien connu de YouTube qui tente de rétablir l’équilibre, via des opérations telles que « Elles font YouTube ».
Les médias rabaissent les YouTubeurs
Face aux médias traditionnels, les YouTubeurs se trouvent souvent acculés. Vincent Manilève mentionne l’expérience de Natoo chez Laurent Ruquier où Yann Moix et Léa Salamé se sont moqués des chiffres du compteur YouTube qui, à leur sens « ne veut rien dire » (probablement aussi peu que les chiffres de l’audimat). Souvent vus comme des enfants, les YouTubeurs ont du mal à faire comprendre leur travail. « Il s’agit de nouveaux modèles et de nouveaux métiers, les anciennes générations ne peuvent pas comprendre qu’on puisse en vivre. Je pense qu’ils n’ont pas les mêmes référents » estime le YouTubeur Gonzague.
Se protéger des fraudeurs
« Le marché du produit dérivé est si profitable pour les stars de YouTube que des petits malins tentent régulièrement de récupérer une part du gâteau », avertit le journaliste. Il cite pour exemple Emma CakeCup. La vidéaste de 21 ans s’est rendu compte en octobre 2017 que des T-shirts avec une image de sa création circule sur Internet. Elle lance aussitôt un message à ses fans : « attention il y a des gens qui ont fait des T-shirts avec la couverture de la BD, je ne vends pas ces t-shirts ne les achetez pas ». La mésaventure d’Emma CakeCup n’est pas un cas isolé. Le modèle économique de la monétisation de l’audience est fragile. En plus de se protéger des fraudeurs, il faut aussi enfiler la casquette d’entrepreneur.
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