un trio de personnage haut en couleur

Netflix : est-ce que les adaptations de manga sont condamnées à être nulles ?

© Netflix

Pour draguer son public de jeunes adultes biberonnés à la culture manga, la plateforme produit des adaptations qui sont bien souvent jugées catastrophiques.

1,7 million de vues en l'espace de 24 heures. Pour Netflix, la diffusion ce week-end de la bande annonce de l’adaptation live (avec des vrais acteurs ) de Cowboy Bebop a sans doute réussi son petit buzz. Pourtant, les producteurs de cette série qui doit arriver sur nos écrans le 19 novembre 2021 ont sans doute les oreilles qui sifflent. Sur les réseaux, on peut lire ce type de commentaires.

« Une sorte de pastiche raté d'un truc qui est déjà un pastiche, mais réussi » ; « Étonnant mélange de dégueulasseries techniques, de démissions plastiques et de mépris du matériel original », « Ça a l'air très cheap et les scènes qu'on voit sont complètement décalquées sur l'animé ».

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Les fans sont plus que sceptiques sur la qualité du contenu, et c'est sans doute un problème de taille pour la plateforme.

La malédiction Netflix ?

Il faut dire que les enjeux sont élevés. La série originale Cowboy Bebop, sortie en 1998 et réalisée par Shin'ichirō Watanabe, est considérée comme un monument de la culture Otaku (un courant qui touche aux mangas et jeux vidéo japonais). Elle suivait les mésaventures tragicomiques et souvent absurdes de chasseurs de primes poursuivant des criminels. Une trame classique. Mais le tout se passait dans le système solaire.

Avec ses influences musicales et ses emprunts aux films de genre occidentaux, Cowboy Bebop a été, au tournant des années 2000, le point d’entrée dans l’animation japonaise pour des millions de jeunes Américains. Son adaptation sur Netflix doit à la fois rendre hommage mais aussi convaincre le public de jeunes adultes qui se demandent s'ils ne feraient pas mieux d'aller faire un tour sur Disney+. Car là-bas, ce sont les franchises à succès comme Star Wars qui sont adaptées en séries animées par des équipes japonaises.

Quand la médiocrité devient un mème

La plateforme a déjà adapté des manga. En 2017, elle avait produit une adaptation live de Death Note, un autre monument. Malheureusement, le résultat n'avait pas été à la hauteur. La plateforme avait été accusée de ne pas respecter les personnages ou les règles établies dans le matériau d’origine.

Cet exemple malheureux a suffi pour donner naissance à un même hilarant intitulé Netflix Adaptation. Ce dernier compare les productions de la plateforme vidéo à de très mauvais cosplay, sous-entendant que cette dernière est condamnée à dénaturer les œuvres qu’elle repompe. On comprend la blague, mais est-ce pour autant mérité ?

En effet, il est difficile de jeter la pierre à Netflix quand on regarde l’ensemble des projets d’adaptation de manga qui ont été réalisés ces dernières années. Au cinéma, des films comme Dragonball Evolution, Ghost in the Shell ou bien Alita: Battle Angel ont largement contribué à forger cette idée que les œuvres japonaises ne s’en sortent jamais indemnes quand elles sont passées à la moulinette d'Hollywood.

Promis, tout va bien se passer (ou pas) 

Pour calmer une armée d’otakus prêts à défendre les dessins animés de leur jeunesse, Netflix a donc activé des pare-feux. Très rapidement, la production de Cowboy Bebop a mis en avant  sa volonté d’être le plus fidèle possible à l’esthétique et à l’esprit de la série. Le créateur de l’animé, Shin'ichirō Watanabe ainsi que la compositrice de sa bande son jazzy, Yōko Kanno, ont d’ailleurs été mis à contribution. Enfin l’acteur principal, John Cho, qui va interpréter le très flegmatique Spike Spiegel, s’est laissé pousser les cheveux plutôt que d’opter pour une perruque ridicule. En cas de succès critique, Netflix pourra poursuivre ses autres projets plus sereinement, notamment l’adaptation de la longue série One Piece, très attendue – au tournant surtout.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.
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