Geek qui écrit un algorythme

Tendances social media 2019 : vers la fin des algorithmes sur les réseaux sociaux ?

© filadendron via Getty Images

Alors qu'on a encensé leur manière nouvelle de nous connecter les uns aux autres, les algorithmes sont aujourd'hui remis en question. L'institut Kantar Media prédit une  « désalgorithmisation » partielle en 2019. Vraiment ?

Ils sont discrets et agissent dans la soute de notre quotidien virtuel. Pourtant, cette année, ils ont été sur toutes les lèvres. 2018 a été marquée par une série de scandales qui nous ont sérieusement refroidis. Les algorithmes ont été accusés successivement de propager des fake news, puis d'avoir favorisé les tentatives politiques d'influencer des élections (pour ceux qui ont dormi toute l'année, petit retour sur le scandale Cambridge Analytica)... Bref, ces formules mathématiques sont tombées en désaveu. Au point que, selon l'organisme dédié aux études de marché et marketing Kantar Media, l'une des tendances phares de l'année 2019 sera la « désalgorithmisation » partielle des plateformes

Des effets encore méconnus 

« Aujourd’hui, aucune régulation n’existe, car l’impact des biais introduits par les algorithmes est encore mal connu », explique Nisheeth Vishnoi, professeur associé à la Faculté d’informatique et de communication de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne. 

Elisa Celis, également professeur associé à la Faculté d’informatique et de communication de l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne, rappelle que  « de nombreuses études ont montré que si vous êtes indécis, l’ordre dans lequel on vous montre une information et sa fréquence de répétition vont vous influencer. Ces algorithmes vont donc façonner votre opinion ».  

Un problème de taille se pose : comment préserver la liberté d'expression au sein d'une démocratie lorsque de puissants outils détenus par des firmes privées peuvent manipuler l'opinion ?   

Influenceur d'opinion 

Face à ces critiques, Facebook avait déjà réagi. En juin 2018, la plateforme avait supprimé la fonctionnalité « Trending » lancée en 2014 et gérée par des humains jusqu'en 2016. La rubrique avait été accusée de manipuler des sujets, au détriment des conservateurs américains. Résultat : Facebook avait utilisé des algorithmes pour remédier à ces biais... pour s'apercevoir que les résultats n'étaient pas plus brillants. Les programmes informatiques ne faisaient pas la différence entre vraies news et fake news... C'est ballot. 

D'autres réseaux sociaux ont commencé à agir. Twitter a annoncé en septembre une option pour désactiver l'algorithme et restaurer le filtre chronologique. Google a annoncé l'arrivée de publicités non personnalisées. YouTube de son côté, à la suite des recommandations carrément flippantes de YouTube Kids, a annoncé arrêter d'utiliser des algorithmes. Tout bonnement.

Vers un monde à deux vitesses ?  

Face à des institutions, des internautes et même des marques de plus en plus échaudées, les réseaux sociaux pourraient, selon Kantar Media, proposer des versions payantes « non algorithmiques ». On attend de voir...

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