Ringard le club de lecture ? Que nenni ! Il reprend du poil de la bête. Mieux, il devient branché. Mais que s'est-il passé ?
« Quoi ? Tu n'as pas de book club ? » Surprenant, le bon vieux club de lecture est devenu hype. Jadis vu comme un rendez-vous entre mamies, une tasse de thé à fleur d'une main, un roman à l'eau de rose de l'autre, les nouveaux book clubs dépoussièrent l'image de ces réunions Tupperware de la littérature.
Arièle Bonte, 27 ans, est journaliste. Il y a un peu plus d'un an, elle a créé son book club. « C'est plutôt une bibliothèque nomade », précise la passionnée de lecture. C'est Sexe et mensonges, la vie sexuelle au Maroc de Leïla Slimani qui a créé le déclic. « Dans son ouvrage, l'auteure explique comment, grâce à la lecture, les femmes se sont émancipées. J'ai décidé de suivre le même précepte. »
Salut Twitter, avant l'été j'ai lancé un #bookclub féministe tout à fait informel pour faire circuler mes livres qui prenaient la poussière
Aujourd'hui on est une 50taine dans le groupe mais si tu as envie de nous rejoindre ou d'en savoir +, let me know en DM ? ? pic.twitter.com/km40nxS5ug
— Arièle Bonte (@arielebonte) 18 septembre 2018
Alors, en regardant son bureau où ses bouquins féministes prennent la poussière, c'est le déclic : pourquoi ne pas les partager ? La journaliste crée d'abord un « Google Drive » en ligne, où les personnes intéressées répertorient les ouvrages à emprunter ou à prêter. « Mais ça ne marchait pas, parce qu'il fallait que les personnes aillent boire un café. Même moi je ne prenais pas le temps de le faire. »
Du coup, le virtuel a naturellement viré au réel et la journaliste a organisé ses premières réunions. « La lecture, ce n'est pas anodin, explique la responsable de rubrique de RTL Girls. C'est un plaisir solitaire, mais on a aussi besoin d'en parler, et de partager. J'estime que ça fait partie de la sororité ».
Inspiration américaine
Il y a eu le book club de la ménagère de moins de 50 ans, qui s'ennuie et qui retrouve ses copines. Il y a maintenant le book club cool inspiré des États-Unis où de nombreuses célébrités ont contribué à donner une seconde jeunesse à ces réunions. L'actrice Emma Watson (Hermione dans Harry Potter) a lancé en 2016 « Our Shared Shelf » (notre étagère partagée) où les membres peuvent discuter en ligne du livre à l'honneur pour deux mois et lire les interviews des auteurs.
D'autres célébrités ont suivi le mouvement comme Reese Witherspoon. La comédienne qui s'est illustrée dans de nombreuses comédies américaines a lancé « Hello Sunshine ». Suivi par 911 000 abonnés sur Instagram, le club met en valeur les écrivaines.
Des médias féminins aux médias mainstream
Les médias féminins se sont emparés de la tendance, à la sauce féministe : Cheek Magazine ou My Little Paris ont lancé le leur. Et côté décor, on est loin de la cuisine de Mamie. Le très cossu hôtel Huxton du IIe arrondissement de Paris, ou l'appartement hybride « Chez Simone », qui fait à la fois salle de sport, lieu de coworking, accueillent régulièrement des rencontres.
Les médias traditionnels se sont aussi positionnés sur le segment, via Facebook. Le Monde, Le Figaro ou encore 20 Minutes, ont lancé un groupe de lecture sur Facebook, à l'instar de Mark Zuckerberg qui avait lancé le sien en 2015. Il est depuis tombé en désuétude. On ne peut pas être bon partout...
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