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Consentement sexuel : pourquoi la nouvelle Cat Person fait le buzz

Sur la toile, son succès questionne : entre consentement éteint et sentiment d’obligation, la nouvelle « Cat Person » lève le voile sur une expérience sexuelle troublante vécue par de nombreuses femmes.

Ce n’est pas qu’elle avait peur qu’il la force à faire quelque chose contre sa volonté, mais l’idée d’arrêter maintenant, après tout ce qu’elle avait fait pour parvenir à ce moment, la ferait passer pour une fille gâtée et capricieuse, comme si elle passait commande au restaurant mais qu’elle changeait d’avis une fois son plat arrivé.

- "Cat Person" – Kristen Roupenian 

Distillé çà et là, entre deux paragraphes descriptifs crus et réalistes, se dessine un sentiment inhérent à de nombreuses femmes sexuellement actives, une sensation entre deux eaux parfois appelée « zone grise du consentement » . Souvent fruit d’un manque de communication entre deux partenaires, ce sentiment pousserait certaines femmes à accomplir l’acte alors même qu’elles n’en ont pas très envie, pas culpabilité, par devoir, voire par peur de compliquer les choses et de passer pour une « emmerdeuse » aux yeux de son partenaire.
Se dessinant en filigrane dans « Cat Person », une nouvelle de Kristen Roupenian parue début décembre sur The New Yorker, le sujet a fait réagir de nombreuses femmes sur les réseaux et n’a pas manqué d’évoquer certaines réminiscences, vestiges des mouvements #MeToo, #BalanceTonPorc ou encore #MyHarveyWeinstein. La nouvelle a même inspiré un essai sur la façon dont certaines femmes consentent à un rapport sans l’accepter totalement.

Margot avait du mal à croire qu'un homme adulte sache aussi mal embrasser. Cela semblait horrible, mais d'une façon ou d'une autre cela lui donnait un regain de tendresse à son égard, le sentiment que même s'il était plus âgé qu'elle, elle savait quelque chose qu'il ne savait pas.

Rapidement devenue virale, la nouvelle raconte l’histoire de Margot, une jeune femme de 20 ans, flirtant avec Robert, 34 ans. Après avoir discuté quelques temps par SMS, les deux se rencontrent, vont au cinéma, échangent un mauvais baiser et finissent par avoir une relation sexuelle complètement ratée. Si lui ne l'a absolument pas perçu comme ça et tente de la recontacter, elle, se creuse la tête et tente de formuler le meilleur message à lui envoyer pour ne plus jamais avoir à faire à lui.

Il était à nouveau sur elle, l'embrassant et l’écrasant, et elle savait que sa dernière chance d'apprécier cette rencontre avait disparu, mais qu'elle allait la mener jusqu'au bout.

Au-delà du consentement, le texte questionne la relation amoureuse à l’ère de Tinder et met avant cette propension qu’ont certaines femmes à faire passer les besoins des autres avant les leurs, un constat que relève d’ailleurs l’auteure dans une interview en parlant de son personnage féminin Margot :

« Si elle veut dire non, Margot a le sentiment qu'elle doit le faire de manière conciliante, douce, tactique; d'une façon qui exige « beaucoup d'efforts » (…) Et je pense que cette supposition va au-delà de l'interaction entre Margot et Robert; cela témoigne de la façon dont de nombreuses femmes, en particulier les jeunes femmes font face au monde : le fait de ne pas vouloir mettre les gens en colère, d’assumer la responsabilité des émotions des autres, de travailler très dur pour que les gens autour d’elles soient heureux. »

 


 

Les réactions en tweets

Si certaines discussions ont rapidement pu tourner à la guerre des sexes, de nombreux tweets et articles exposent notre difficulté commune à déceler si la résultante du rapport entre les deux protagonistes et liée à une dynamique sexiste, une décision mal évaluée et naïve de la part de Margot ou à l'incapacité de Robert de saisir que cette dernière était mal à l'aise.

Autant de questionnements qui viennent traduire notre difficulté grandissante à comprendre le sexe opposé et illustrer l'absence de communication dont souffrent nos relations au quotidien.

 

 

Margaux Dussert

Diplômée en marketing et publicité à l’ISCOM après une Hypokhâgne, Margaux Dussert a rejoint L’ADN en 2017. Elle est en charge des sujets liés à la culture et la créativité.
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