Avec le succès d’Onlyfans, de nouveaux réseaux sociaux basés sur l’abonnement payant tentent leur chance. C’est le cas de Top4Fans, une alternative française qui veut attirer des créateurs de contenus.
Créé il y a à peine un an, Top4Fans assume un objectif ambitieux : s’attaquer à la plateforme Onlyfans et ses 85 millions d'utilisateurs. Pour le moment, cette startup française revendique une croissance constante et 1 million de connexions pour le mois de janvier. Son fondateur et CEO Thomas W. (qui préfère garder son nom de famille anonyme, ndlr) inscrit sa stratégie dans un nouveau contexte créé à la fois par la pandémie de Covid-19 et l'émergence des plateformes basées sur les abonnements payants et l’économie de la passion. Rencontre.
On explique souvent que le succès d’OnlyFans repose sur l’épidémie de Covid-19. La pandémie a-t-elle joué aussi en votre faveur ?
Thomas W. : On peut dire qu'on a eu le nez creux puisqu’on a lancé Top4Fans en janvier dernier, juste avant que le monde du mannequinat ne s’effondre. De nombreuses personnes qui travaillaient dans ce milieu ne pouvaient plus voyager ni travailler, avec l’effondrement de la publicité. Beaucoup se sont rapatriées sur des plateformes comme la nôtre. On a aussi vu arriver des étudiants, des gens qui travaillaient dans la restauration, les boites de nuits, l'événementiel ou les salles de sport. Toutes ces personnes-là ont beaucoup de mal à vivre aujourd’hui et certaines veulent utiliser leur corps pour trouver de nouvelles sources de revenus.
Vous n’avez pas peur d’être perçu comme un exploiteur de personnes vulnérables ?
T.W. : Je pense qu’il faut vraiment distinguer les plateformes comme la nôtre du secteur porno classique, dans lequel des femmes peuvent être exploitées ou confrontées à des comportements violents. Notre plateforme permet de monétiser uniquement un contenu digital et empêche absolument toute rencontre directe avec les followers. Toute tentative de prostitution ou d'échange de numéros de téléphone fait sauter immédiatement le compte. On reste sur un système de fantasme digital où des abonnés demandent des photos et des vidéos. Nous leur rappelons aussi que sur Internet, rien n’est jamais totalement effacé et que cette activité-là laisse inévitablement des traces.
Autrefois les objectifs des plateformes étaient de capter l'attention des utilisateurs. Maintenant le but du jeu semble avoir changé : vous devez avant tout attirer les créateurs et créatrices de contenus.
T.W. : Tout à fait, ce sont eux qui créent la richesse et nous avons pour objectif de leur donner un cadre d’activité qui soit le plus protecteur possible afin de marquer notre différence avec les autres plateformes. Nous n’oublions pas que nous travaillons avec des personnes qui peuvent être là un moment et qui repartent ensuite, qui peuvent avoir des problèmes personnels et ce n’est pas toujours évident de nous faire confiance. Beaucoup sont refroidis par le système d’OnlyFans qui supprime les comptes du jour au lendemain sans explication. On essaye donc rassurer au maximum les créateurs, avec notamment un système de protection contre les harcèlements, une surveillance des échanges écrits, mais aussi des conditions des transferts d’argent plus avantageuses que sur OnlyFans.
OnlyFans a aussi été très critiqué parce que les créatrices qui sont dessus semblent gagner beaucoup moins d’argent qu’au début. Comment expliquez-vous ce phénomène ?
T.W. : OnlyFans a mis en avant des comptes gratuits afin d’attirer plus de monde plus rapidement. Ils ont ainsi dévalué la valeur des contenus payants. En marketing on dit toujours que tout ce qui est rare est cher. Plus vous vous mettez en avant, plus vous apparaissez partout sans restriction et plus vous êtes à un prix bas. On incite nos créateurs à réfléchir à ce positionnement entre le prix et l'image qu'ils vont offrir. L’objectif c’est de ne pas jouer à la baisse.
Comment gérez-vous la compétition inévitable entre les différents créateurs ?
T.W. : C’est une question très sensible pour eux. Ils ont souvent une base de followers qui les suit sur Instagram ou Twitter. Ils ont peur d’arriver sur une plateforme payante comme la nôtre et de perdre une partie de leur communauté. D’autres ont connu un succès fulgurant et sont passés d’un salaire de serveur à McDo à des gains qui s'élèvent à plus de 10 000 euros par mois. Ils n’ont pas envie de perdre ça. Pour contrer cette peur, on développe donc un moteur de recherche comme sur Instagram qui permet de mettre en avant des posts gratuits et qui est basé sur les goûts et la situation géographique des utilisateurs. Les créateurs pourront poster des images gratuites qui ne sont pas explicites, pour augmenter leur visibilité.
C'est je pense la meilleure alternative à ONLYFANS pour les créateurs français.