Ironmouse

La première streameuse de Twitch est une sorcière kawaï en dessin animé

© Ironmouse

Suivie par 2,1 millions de personnes, Ironmouse montre que l’avenir de l’entertainment sur Twitch appartient aux streameurs virtuels… À moins que les raisons de son succès ne soient plus complexes que ça.

Elle imite à la perfection la voix de Shakira, peut chanter un opéra dans un décor de dessin animé kawaï ou éclater d’un rire démoniaque et hystérique quand elle est surprise par un jeu d’horreur. Sur Twitch, la streameuse Ironmouse a tout pour plaire, et les utilisateurs de la plateforme l'adorent. En l’espace de 40 jours, elle a explosé le record du nombre d’abonnés gagnés avec plus de 326 252 nouveaux inscrits. À présent, Ironmouse est la streameuse la plus regardée de la plateforme avec 2,1 millions de followers… Pourtant, personne ne connaît son vrai visage.

Chanteuse d'opéra immunodéprimé

Tout ce que l’on sait d’Ironmouse, c’est qu’elle est une chanteuse porto américaine, qu’elle envisageait de devenir chanteuse d’opéra, mais qu’un trouble immunitaire l’oblige à s’isoler du reste du monde. Depuis 2017, elle streame sous l’apparence d’une sorcière à cornes aux yeux brillants et au look manga. À partir de 2020, elle fonde le groupe de Vtubers VShojo, une agence de talents basée sur le même principe de streameurs incarnant des personnages virtuels.

Apparus dans les années 2010 au Japon, les Vtubers ont vu leur nombre et leur popularité exploser sur YouTube, puis sur Twitch à partir des années Covid. La plupart de ces créateurs se filment à l’aide de capteurs retranscrivant les mouvements de leur tête ou de leurs bras. Les plus investis peuvent même porter une combinaison de motion capture et un casque capable de capter les mimiques du visage. De la même manière que le génie du personnage de Tintin réside dans son visage passe-partout dessiné en ligne claire, le fait d’incarner un personnage de jeu vidéo « parfait » attire bien plus facilement les followers. Cela permet aussi à des streameuses de ne pas être jugées sur leur physique, comme c’est très souvent le cas. Comme elle le dit dans une interview donnée au Washington Post en 2022 : « J’ai commencé à développer le personnage d’Ironmouse, elle est moi, mais plus comme un manteau. C’est une version agrandie de moi. »

Une performeuse avant tout

L’ascension d’Ironmouse ne s’est pourtant pas faite sans quelques critiques. Dans Rolling Stone, elle explique qu’elle a dû faire face à des commentaires moqueurs, voire hostiles, de la part de certains streameurs. C’est notamment le cas de XQC, un streameur qui officie sur la plateforme Kick et qui imagine que la frimousse de ce personnage cache « un homme plus gros qu’une montagne qui boit une gigantesque bière ». Comme pour les femmes qui engrangent des dollars en présentant des streams en bikini dans une baignoire, les haters estiment que le Vtubing est une forme de « triche » qui permet de passer outre son véritable physique pour réussir.

Mais ces critiques sexistes ne peuvent éclipser l’une des clés du succès de la streameuse, à savoir qu’elle est une incroyable performeuse du live. Le 7 mars 2022, elle avait participé à un marathon de streams de 31 jours consécutifs malgré sa maladie et ses infections pulmonaires qui la clouent régulièrement au lit. Avec sa performance récente de 40 jours consécutifs durant lesquels elle laisse son micro et sa caméra allumés, même quand elle dort, Ironmouse démontre surtout sa volonté de briser sa situation dramatique. Moins que son avatar kawaï, c’est sans doute sa résilience et son rire démoniaque qui font mouche.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.

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