Après avoir révélé que l’Arabie saoudite utilisait des armes françaises contre des civils au Yémen, deux journalistes de Disclose ainsi qu'un journaliste de France Inter ont été convoqués par la DGSI.
Pour sa première enquête, Disclose a fait fort. Alors que le média - qui est aussi une ONG - créé en 2018 vient de sortir sa première investigation sur l’utilisation d’armes françaises au Yémen, trois journalistes qui ont participé à l’enquête ont été convoqués par la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI). Il s’agit de Mathias Destal, Geoffrey Livolsi (cofondateur du média) et de Benoît Collombat, journaliste à la cellule investigation de France Inter. Cette procédure se déroule dans le cadre d’une enquête ouverte par le parquet de Paris pour « compromission du secret de la défense nationale. »
[URGENT] Deux journalistes de https://t.co/aJsaTD26Fz sont convoqués dans le cadre d'une enquête pour "compromission du secret de la défense nationale" suite à une plainte du ministère des Armées. #yemenpapers #madeinfrance @Mediapart @InvestigationRF @ARTEInfo @konbininews pic.twitter.com/heA1zeXML2
— Disclose (@Disclose_ngo) 24 avril 2019
Des sources mal protégées
Disclose a indiqué sur ses réseaux que cette procédure doit surtout permettre d’identifier les sources des journalistes. Au moment de la sortie de l’enquête, ils indiquaient sur Twitter que leurs sources étaient mal protégées à cause de la législation. « La loi Sapin II sur la protection des lanceurs d’alerte "exclut du régime de l’alerte" les "faits, informations ou documents couverts par le secret de la défense nationale". À ce jour, nos sources ne sont donc pas protégées, malgré le caractère d’intérêt public de ces révélations. »
Pour rappel, Disclose avait dévoilé une note classée « confidentielle défense » évoquant l’utilisation d’armes françaises par l’Arabie saoudite contre des civils yéménites. Il s’agit notamment de chars Leclerc et de canons mobiles à longue portée qui ont été négociés en décembre dernier. Cette information est en contradiction avec le discours officiel de la ministre des Armées, Florence Parly. En octobre 2018, elle avait déclaré sur BFMTV qu’il n’y avait aucune négociation de contrat d’armement avec l’Arabie saoudite.
Conçue comme une ONG voulant faire bouger les lignes de la société, Disclose semble avoir mis un sacré coup de pied dans la fourmilière. « Malgré l’importance des informations révélées par l'enquête "Made in France", des journalistes sont considérés comme pénalement responsables d’avoir fait leur métier : informer le public sur un sujet relevant de l’intérêt général, peut-on lire dans leur communiqué sur Facebook. À la question : "les Français ont-ils le droit d’être informés sur l’usage qui est fait des armes vendues à des pays accusés de crimes de guerre ? ", le gouvernement a donc choisi de répondre par la menace. »
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