Sur la plateforme de Jeff Bezos, vous pouvez publier des livres négationnistes ou pédophiles, mais aussi diffuser des documentaires antisémites.
Sur Amazon on trouve de tout et donc aussi, le pire. C’est en tout cas ce que suggère cet article du média Variety qui a enquêté sur les films et les livres antisémites ou pédophiles que la plateforme vend sans aucune restriction. L’histoire a commencé par une polémique initiée par le très controversé Kyrie Irving, un basketteur de la NBA qui au début du mois de novembre 2022 a fait la promotion du documentaire antisémite Hebrews to Negroes: Wake Up Black America.
Le mouvement sectaire des Blacks Hebrews
Ce film de près de 3h30 n’est pas visible sur YouTube, mais on le trouve en vente ou en location sur le service de streaming Amazon Prime ; du moins sur la partie américaine. La bande-annonce présente un micmac pseudo-historique et conspirationniste mélangeant esclavagisme, judaïsme et nazisme. Le film est l’œuvre de Ronald Dalton Jr, un essayiste appartenant au mouvement sectaire des « Blacks Hebrews ». D’après cette croyance radicale dont se revendique Kyrie Irving, mais aussi Kanye West, le peuple élu de la Bible serait les Africains et les Juifs sont perçus comme des « imposteurs sataniques ». Cette idéologie est aussi développée dans une série de livres portant le même titre Hebrews to Negroes, eux aussi en vente libre sur Amazon.
Le « free speech »… jusqu’où ?
Ce n’est pas la première fois que la plateforme de vente en ligne est épinglée pour la mise à disposition de ce type d’œuvres très controversées. En 2010, Amazon avait été forcé de retirer de son site le manuel à destination des pédophiles intitulés The Pedophile’s Guide to Love and Pleasure: A Child-Lover’s Code of Conduct (Le guide du pédophile sur l'amour et le plaisir : le code de conduite d'un amoureux des enfants). En 2021, suite à l’invasion du Capitole, ce sont des centaines de livres liés à la mouvance QAnon qui avaient été retirés. La plupart de ces œuvres étaient en vente libre depuis plusieurs années sur la plateforme, souvent grâce au service d’autoédition KDP pour Kindle Direct Publishing. C'est sous couvert du premier amendement de la constitution américaine, celui qui interdit au Congrès des États-Unis d'adopter des lois limitant la liberté de religion et d'expression, la liberté de la presse ou le droit à « s'assembler pacifiquement », que la plateforme assume n'être pas très regardante sur le contenu derrière ces publications.
Retrait... ou pas
La même logique est appliquée pour ce fameux documentaire tiré des livres de Ronald Dalton Jr. Ce dernier a été diffusé via le service Amazon Prime Direct qui permet à n’importe quel réalisateur ou boîte de production de louer et vendre son film ou son documentaire. C’est grâce à ce système que l’on trouve d’innombrables contenus racontant comment les extraterrestres dominent la planète ou les « réalités historiques » derrière les passages de la Bible. Suite à la sortie de Kyrie Irving qui lui a tout de même valu une interdiction pour les cinq prochains matchs, Amazon est sous la pression de trois associations de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Depuis une semaine, la plateforme dit réfléchir à la question, mais n’a retiré ni le documentaire, ni les livres de ses rayons numériques.
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