
Dans Le Parisien, Emmanuel Macron expliquait hier vouloir entre autre « emmerder » les récalcitrants au vaccin anti-Covid.
Médias et réseaux sociaux reprennent à tour de bras une formule d'Emmanuel Macron qui réveille l’animosité des uns et galvanise les autres. Récit d'une polémique qui nous fatigue déjà.
Macron se lâche chez Le Parisien
Alors que les débats autour de l'adoption du pass vaccinal font couler beaucoup d'encre, Emmanuel Macron exposait sa stratégie pour lutter contre la pandémie de Covid-19 dans un article publié le 4 janvier à 20h40 sur le site du Parisien. Le Président explique dans les termes qui suivent vouloir faire monter la pression sur les non-vaccinés : « En démocratie, le pire ennemi, c’est le mensonge et la bêtise. Nous mettons une pression sur les non-vaccinés en limitant pour eux, autant que possible, l’accès aux activités de la vie sociale. D’ailleurs, la quasi-totalité des gens, plus de 90 %, y ont adhéré. C’est une toute petite minorité qui est réfractaire. Celle-là, comment on la réduit ? On la réduit, pardon de le dire, comme ça, en l’emmerdant encore davantage. Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l’administration quand elle les bloque. Eh bien, là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc, on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie. Je ne vais pas les mettre en prison, je ne vais pas les vacciner de force. Et donc, il faut leur dire : à partir du 15 janvier, vous ne pourrez plus aller au restau, vous ne pourrez plus prendre un canon, vous ne pourrez plus aller boire un café, vous ne pourrez plus aller au théâtre, vous ne pourrez plus aller au ciné… »
Quelques heures plus tard, la citation est reprise en boucle sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter, où 550 425 tweets ont été publiés sur le chef de l'État depuis la parution de l'interview. Parmi ces messages, 40 % reprennent les propos exacts du Président sur les non-vaccinés, soit 219 441 tweets. (Source : Visibrain) En bref, les gens sont tendus et la controverse donne déjà lieu à de nombreux hashtags tous plus fleuris les uns que les autres. (#MacronEstUnPsychopathe, #MacronDestitution) Certains ne manquent toutefois pas de noter qu'il serait de bon ton de ne pas tronquer les citations.
La stratégie de Macron et de son cabinet de conseil McKinsey consiste à chauffer à blanc les vaccinés contre les non-vaccinés pour fracturer la société et semer le chaos.
— Carėne Tardy (@Carene1984) January 5, 2022
Le problème est que jamais un troupeau de mouton n’attaquera une meute de loup. #MacronDestitution pic.twitter.com/KHpumqu68g
L'interview de Macron et son passage sur les non-vaccinés fait le buzz, forcément.
— laydgeur (@laydgeur) January 5, 2022
Pour celles et ceux qui veulent aller plus loin que les petites phrases polémiques, voici les deux passages non tronqués : pic.twitter.com/2IQbOJLZzZ
Traitement corrosif des médias
Ce matin 5 janvier dans la presse, le sujet est sur toutes les pages. En France, on reprend la citation en boucle, on s'insurge, on fait des blagues, parfois les deux en même temps. À l'étranger, la formule du Président n'a pas non plus échappé à la presse. Dans les titres, on édulcore le terme et on s'étonne de ce phrasé que certains jugent indigne d'un chef de l'État.
🔴 Emmanuel Macron: "Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder, donc on va continuer de le faire" pic.twitter.com/AQGqoGptNB
— BFMTV (@BFMTV) January 4, 2022
Nouvelle polémique après que Emmanuel Macron a déclaré « Oh et puis merde vous me faites tous chier bordel » - https://t.co/GAFpO4VkNx
— Le Gorafi (@le_gorafi) January 5, 2022
CNN: French President Emmanuel Macron said he “really wants to piss off” the unvaccinated, in an exclusive interview with Le Parisien newspaper on Tuesday. 1/3
— Jim Acosta (@Acosta) January 4, 2022
Quand la parole publique se cache derrière un paywall
On le sait, le hobby préféré de Twitter est de polémiquer, taper du poing sur la table et s'indigner. Rien d’étonnant alors à ce que la polémique enfle et embrase les réseaux. Sauf que cette fois, un autre ingrédient alimente le phénomène et entretien la confusion : le paywall, péage de lecture numérique, que l'on peut faire tomber en s'abonnant. En d'autres termes, il faut payer pour avoir un accès direct à une parole publique non déformée. Le 2 janvier dernier, Le Parisien avait déjà eu recours à ce procédé pour annoncer l’officialisation du protocole sanitaire de la rentrée scolaire, au grand dam des parents et enseignants qui s'en étaient plaints sur les réseaux sociaux. Depuis, l'article est disponible gratuitement. Attention, l'idée ici n'est pas de dire que l'ensemble des contenus des médias doivent en tout temps être gratuits. Néanmoins, on pourrait penser qu'il incombe aux médias dans certains contextes sensibles (une pandémie mondiale doublée de tensions sociales exacerbées par exemple) de choisir de partager gratuitement certains articles par souci de clarté.
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