Un pirate des Caraïbes joue au foot

Lutte contre le streaming illégal : la chasse aux pirates du sport est ouverte !

© FB via Midjourney

Face au développement du streaming illégal de programmes sportifs, notamment via les réseaux sociaux, les acteurs du secteur s'activent.

Vendredi 16 août, près de 400 000 abonnés au service de streaming DAZN pourront assister au match d'ouverture de la saison de Ligue 1 entre Le Havre et le Paris Saint-Germain. La plateforme britannique avait décroché le gros lot en remportant cet été les droits de diffusion de huit rencontres sportives pour 400 millions d'euros. De son côté, BeIN SPORTS a acquis une top affiche lors de chaque journée du championnat pour 100 millions d'euros. Seulement voilà, avec des tarifs allant de 14,99 euros par mois pour une rencontre par journée (non au choix) à 39,99 euros mensuels, les fans de foot ont brandi le carton rouge et se sont massivement tournés vers… le piratage.

Le 16 août dernier donc, plus de 200 000 spectateurs suivaient ainsi illégalement le match d'ouverture grâce à plusieurs méthodes. En branchant à sa télévision un boîtier, appelé ITPV, ou plus simplement via des liens trouvés en quelques clics sur des réseaux sociaux comme Telegram, Twitter ou Discord, tout spectateur peut accéder à des serveurs qui proposent tous les programmes sportifs en direct. Pour les pirates, la discrétion n'est pas de mise, au contraire. Ils n'hésitent pas à faire leur publicité sur les réseaux, notamment en commentant les posts d'influenceurs très suivis ou des diffuseurs légaux.

Pour BeIN SPORTS, qui fonctionne avec des abonnements, bloquer l'accès aux contenus illicites est donc « indispensable », souligne Sarah D'Arifat, directrice juridique de la chaîne en France. « Nous avons une équipe dédiée, avec un travail de suivi, d'analyse de l'évolution des pratiques, et une stratégie de lutte en collaboration avec les distributeurs, les ayants droit et, lorsqu'ils sont collaboratifs, les réseaux intermédiaires sur lesquels peuvent être promus ces contenus piratés ».

Des blocages à grande échelle

Au centre de cette lutte contre le piratage, se trouve l'Arcom, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique. « Au départ, on luttait beaucoup contre les sites de live streaming, aujourd'hui largement bloqués », explique Pauline Combredet-Blassel, directrice générale adjointe de l'organisme. « En revanche, l'utilisation de l'IPTV progresse. Quand un titulaire de droit, diffuseur, comme BeIN SPORTS, ou organisateur de rencontres comme la Ligue de football professionnelle (LFP), sait qu'une compétition est piratée, il doit obtenir une décision du juge, un processus qui ne dure que quelques jours », détaille-t-elle. Il peut ensuite signaler à l'Arcom les sites pirates afin de les bloquer, une action qui prend quant à elle, moins d’une heure. Mais cette méthode revient à écoper une fuite avec une passoire. Les pirates sont toujours plus réactifs, et dès le blocage d'un lien, des services miroirs sont créés.

« L'Arcom chiffrait en mai 2024 le pourcentage d’internautes visionnant des retransmissions sportives en direct de façon illicite à 19 % – 11 % des internautes piratant au moins 3 fois par semaine », rappelle la LFP, elle aussi en première ligne concernant les diffusions de la Ligue 1 et de la Ligue 2. Cette année, elle a pu « mettre en œuvre des mesures de blocage dès la première journée », grâce à une injonction préventive, plutôt qu'à la 7e journée précédemment. Elle a aussi « engagé une douzaine de procédures à date contre des acteurs majeurs du piratage opérant sur les réseaux sociaux » et déposé « plusieurs plaintes contre des revendeurs d'abonnements IPTV et des internautes diffusant habituellement les matches de Ligue 1 McDonald's, en particulier sur Telegram. »

Plus de 800 services illégaux bloqués sur la Ligue 1

Malgré ces difficultés, L’Arcom semble satisfait. Les piratages ont diminué de 27 % entre 2022 et 2023, puis de 13 % l'année suivante. Plus récemment, 869 services illégaux ont été bloqués, dont 793 d'IPTV pour la Ligue 1 et la Ligue 2, entre le 25 août et le 5 novembre. Cette stratégie n’a toutefois pas vocation à mettre un terme définitif au piratage. « C'est une mission qui paraît très, très compliquée », précise Sarah D'Arifat. « Notre objectif, c'est de rendre l'expérience la plus désagréable pour les spectateurs, et de les encourager à se tourner vers des services licites. Le combat contre le piratage est donc encore loin d'être gagné. »

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