RGPD au secour

Comment les Européens se sont fait virer des sites américains

La nouvelle règlementation sur la protection des données a eu un effet inattendu : celui d'expulser les internautes européens de certains sites américains, incapables de respecter les nouvelles règles.

Pas de data, pas de chocolat ! Certains médias américains sont inaccessibles depuis l'Europe. Les Américains veulent-il se venger de la mise en application du Règlement Général sur la Protection des Données, entré en vigueur le 25 mai 2018 ? Loin de là !

Conscients de ne pas répondre aux nouvelles normes du RGPD en termes de récolte et d'utilisation des données, des sites tels que USMagazine, le LA Time, le Chicago Tribune ou encore le New York Daily News ont coupé le robinet plutôt que d'enfreindre les nouvelles règles. Et pour cause, selon le règlement, tout site en non-conformité risque une amende équivalent à 4% de son chiffre d'affaires ou de 20 millions d'euros (mauvaise nouvelle pour ceux qui voudraient resquiller, c'est la somme la plus élevée qui est retenue). De quoi couler les médias les plus fragiles et les inciter à la prudence (et nous priver de news au passage).

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En Europe, lorsque les internautes tentent d'accéder à ces sites, ils tombent sur des messages d'erreur ou sur une page d'accueil leur expliquant la démarche :

 

Lorsque Numerama s'est rendu compte de ces anomalies, l'équipe a voulu s'assurer qu'il s'agissait bien d'un problème circonscrit à l'Europe. Les journalistes ont alors essayer de se connecter depuis d'autres pays dans le monde comme l'Australie, les États-Unis ou le Brésil. Le tout grâce à un VPN, un serveur qui « déguise » l'origine de la connexion pouvant faire passer un européen pour un américain. Résultat : tous les pays avaient accès au site, sauf l'Europe.

Alternatives premium ou payantes

D'autres médias ont contourné le problème pour éviter de se faire épingler. Le Washington Post, par exemple, a dressé un « hard paywall » entre l'internaute et ses articles. Ce mur imaginaire oblige le lecteur à valider son consentement avant d'accéder au contenu. Le WP donne aussi l'option de passer à un abonnement payant « premium special Europe » pour préserver ses données et s'éviter la pub pour 90 $ par an. En d'autres mots, soit le lecteur paye en dollars, soit il paye avec ses données.

Alors que le Washington Post a opté pour une stratégie payante pour tenter de convertir ses lecteurs en abonnés, USA Today a choisi une stratégie diamétralement opposée. Une version européenne du site a été créée, sans publicité aucune et sans collecte de data. Une espèce de version premium du site, en somme, en parfaite conformité avec le RGPD.

Les initiatives des médias américains en sont encore à leur balbutiement. Quelles vont être les conséquences sur leurs business models dans le futur ? Difficile à dire. Numerama avance qu'un schéma tel que celui d'USA Today pourrait être rentable s'il était monétisé par une régie publicitaire, ou bien devenir payant pour le lecteur, comme le Washington Post. Quant aux autres, ceux qui ont entièrement bloqué leur accès, ils affirment être en train de trouver des solutions techniques.

 

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